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elles sont ovales, blanches, transparentes, enfermées dans des capsules assez éloignées les unes des autres, cannelées, velues, terminées par une barbe. Ses tiges ou tuyaux cannelés s’élèvent à la hauteur de trois ou quatre pieds ; elles sont grêles ; leurs feuilles sont longues, étroites, terminées en pointe au sommet, placées alternativement, & embrassent la tige par la base. La racine est fibreuse & semblable à celle du froment… Cette plante est originaire des Indes ; on la cultive en Piémont & dans quelques endroits de l’Italie ; elle est annuelle.

Je n’ai jamais cultivé le ris, ni suivi d’assez près ce genre de culture, pour en parler d’après mon expérience. Je préviens que je vais extraire cet article de l’ouvrage intitulé le Gentil’homme cultivateur, publié par M. Hall, & traduit de l’anglois par M. Dupuy d’Emportes.

I. Du terrain propre à cette culture. Le ris n’est point une plante vorace ; elle ne consomme pas beaucoup de principes. Une terre quelconque, pourvu qu’elle en ait une certaine quantité, en a toujours assez pour favoriser la végétation de cette plante, & lui faire acquérir sa parfaite maturité. Les terres légères lui sont propres, pourvu que la couche inférieure ne laisse point échapper des principes de végétation que les eaux dissolvent ; de sorte que l’on peut dire que le ris tire sa principale nourriture de l’eau, puisque l’expérience prouve qu’une terre médiocre devient très-fertile après qu’elle a été en rizière pendant quelque temps.

II. Situation du terrain. Il faut que celui destiné à une rizière soit bien de niveau & bien exposé au soleil, afin qu’il retienne bien l’eau, & qu’on puisse, par une pente douce, la faire écouler chaque fois qu’on veut renouveler l’inondation. Les eaux de rivières sont sans contredit préférables aux eaux de sources. Les eaux des marres & des étangs sont celles qui occupent le second rang : mais si l’on n’avoit que de l’eau de puits ou de fontaine, il faudroit avoir l’attention de faire passer ces eaux à travers une fosse où l’on mettroit de la vase de rivière, une certaine quantité de fumier de cheval, & une égale quantité de crotin de mouton. Toutes les fois que l’on voudroit renouveler les eaux de la rizière, il faudroit, avec une barre ou une espèce de brise-motte, bien remuer les matières à travers lesquelles l’eau qu’on voudroit introduire dans la rizière passeroit ; par ce moyen on supplée au défaut des principes que les eaux des rivières portent avec elles : mais il est certain que le ris n’a point autant de qualité ; nous voulons dire qu’il ne prend point si bien l’eau quand on veut s’en servir : il gonfle difficilement, & conserve une espèce de crudité qu’on ne détruit qu’à force de le faire bouillir & de le remuer avec une cuiller de bois pendant qu’il cuit.

Nous avons encore à faire observer qu’il faut que la rizière soit bien exposée aux rayons du soleil. Les rizières qui n’auroient point cet avantage ne produiroient que des plantes grêles & peu abondantes en graine, & cette graine même n’auroit presque point de qualité, en ce qu’elle ne seroit point spongieuse, & que par conséquent elle ne prendroit que difficilement l’eau & encore moins le lait ou le bouillon.

III. Des préparations à donner au