Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/725

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ROSÉE. La rosée proprement dite, que j’appellerai terrestre, est le résultat de la sublimation de l’humidité de la terre ; cette sublimation est occasionnée par la chaleur, & les vapeurs étant condensées par le froid de la nuit, tombent en gouttelettes sur la superficie du sol ; en un mot, c’est une véritable distillation. (Consultez ce mot.)

Lorsque dans certaines positions de ce royaume règne le vent du sud, on ne s’aperçoit pas de la rosée dont il est question, parce que la chaleur de la nuit égale presque celle de la journée ; d’ailleurs si ce vent est fort, violent, impétueux, il n’y a point dé rosée. Au contraire elle est abondante dans ces climats, si le vent du nord règne, & encore plus abondante si le nord souffle dans la région moyenne de l’atmosphère, & le sud dans la région supérieure. Dans ce cas, cette rosée équivaut à une petite pluie ; mais il est rare, au printemps & en automne, qu’elle n’occasionne des brouillards souvent nuisibles dans la première saison. Les mêmes vents, & supposés dans les mêmes circonstances, ne produisent pas par-tout également les mêmes effets ; ils dépendent des localités. (Consultez le mot Abri, & l’avant-dernier chapitre du mot Agriculture.) C’est le climat qu’il faut étudier pour bien juger des effets, de la rareté ou de l’abondance de la rosée terrestre. C’est pour avoir trop généralisé leurs assertions que les auteurs ne sont pas d’accord.

Personne n’ignore que le créateur a imprimé au globe une masse de chaleur déterminée, indépendante de celle qu’elle reçoit ou qui est excitée par la lumière du soleil. Je crois que la chaleur du globe est de dix degrés & un quart du thermomètre de Réaumur. En effet, à quelque profondeur que l’on ait pénétré dans l’intérieur de la terre, on a trouvé ce terme, d’après lequel on a fixé celui du tempéré. Cette chaleur est-elle la même sous l’équateur ? Je ne le sais pas, mais j’ose le présumer, puisqu’on retrouve ce même terme de dix degrés un quart, lorsqu’on est parvenu à une certaine profondeur dans le nord, quoique la terre y soit couverte par des montagnes de glace, & même de glaces éternelles. Les Lapons ne se garantiroient pas des froids extrêmes s’ils ne s’enterroient pas comme les taupes. Des circonstances purement locales établissent quelquefois des exceptions à cette règle générale. Par exemple, si dans ces souterrains on trouve des scissures dans le rocher, par lesquelles parviennent des courans d’air, comme dans certaines cavernes de l’Archipel, dans certaines caves où l’on prépare les fromages de Roquefort, &c., il est certain que ces courans, en augmentant l’évaporation, produisent du frais & même du froid ; des exceptions purement locales confirment l’assertion générale. Si ce terme de chaleur de dix degrés & un quart imprimé au globe au moment de sa formation, est ce que quelques auteurs ont voulu désigner par le mot de feu central, nous sommes d’accord. Si au contraire ils prétendent qu’il existe une masse de feu dans le centre du globe, & que ce feu communique de proche en proche sur un diamètre de 4500 lieues, jusqu’à sa superficie, c’est une hypothèse ingénieuse dont ils ont eu besoin pour en expliquer & étayer d’autres plus extraordinaires, encore, qu’on ne peut pas plus vérifier que la première. Quoiqu’il en soit, elles