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cours de la belle suite d’expériences qu’il avoit entreprises en Écosse, pour le blanchiment des toiles ; car étant obligé, par économie, d’employer l’eau pour dissolvant de cette substance, elle n’est jamais complètement détruite ; la résine qui accompagne la filasse, nécessite presque toutes les élaborations postérieures. Le meilleur dissolvant de cette substance seroit l’eau-de-vie, l’esprit de vin huileux, préparé comme celui qui sert au blanchiment des soies que l’on ne veut pas décruer ; enfin, comme on le remarquera suffisamment par la suite, le savon, l’eau de chaux, les alcalis, sur-tout les caustiques & les acides adoucis, soit qu’ils soient produits par la fermentation acéteuse du lait, du son, ou de la farine de seigle, ou que l’on emploie les acides minéraux édulcorés, toutes ces substances sont reconnues pour être de très-bons dissolvans des gommes-résines ; & telle est la nature du gluten du chanvre. Il faut observer que l’écorce soumise à mes expériences pour connoître la nature de ce gluten, n’a pas été aussi facilement mise en filasse, que celle qui a été simplement rouie, ou du moins cette filasse étoit plus dure.

La raison de ce phénomène tient à ce que dans l’opération du rouissage cette substance éprouve une vraie fermentation, & ce moyen est bien plus avantageux pour en extraire la résine, il la combine mieux avec la gomme, que sa simple dissolution ne l’eût pu faire, même dans l’eau bouillante.


Section II.

Des phénomènes qui ont lieu dans le rouissage, & quel en est le résultat.

La fermentation du chanvre, dans le routoir ou ailleurs, est l’objet le plus essentiel à bien examiner & à bien connoître relativement au rouissage.

Les javelles ou faisceaux de cette plante sont rangés selon l’une des méthodes indiquées dans la première partie ; ils sont chargés, mis à fleur d’eau dans la même journée ; le lendemain une grande partie surnage, & il faut la charger de nouveau. Beaucoup de bulles d’air s’échappent de la surface & du tour de chaque tas. Cette émanation d’air va toujours en augmentant mais les espèces en sont bien différentes.

L’air qui s’échappe le premier & le second jour, est semblable à l’air atmosphérique. C’est celui qui est adhérent aux surfaces, aux poils de cette plante velue, ou qui sort des trachées de la plante, & sur-tout des racines, ainsi que celui qui peut être contenu dans le tube de la chenevotte.

Au troisième jour les bulles d’air donnent un gaz acide. Vers le cinquième jour, ou plutôt, lorsque le rouissage est rapide, ce gaz est inflammable. Si cet article n’étoit pas déja trop long, je détaillerais plus particulièrement ces résultats, mais il suffit de les avoir indiqués, & que leur existence soit au-dessus de tout doute.

Si l’eau est stagnante, peu abondante, elle se coloré & se trouble. À l’odeur déja assez désagréable du chanvre sur plante, se joint une féti-