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percent quelquefois la peau, & y sont adhérentes entre les floccons de la laine ; pour remplir ces vésicules, il faut que la sérosité du sang soit tellement abondante & épanchée, qu’elle forme des dépôts tant au dehors qu’au dedans du corps.

La sueur est aussi un écoulement de la sérosité du sang, & par conséquent elle est plus à craindre pour les animaux ruminans, que pour aucun des autres, parce qu’elle suspend ou diminue beaucoup la sécrétion de la même sérosité qui doit se faire pour la rumination. Si les bêtes à laine sont en sueur, lorsqu’elles ruminent, elles ont en même temps deux évacuations de sérosité ; le corps étant desséché, & le sang épaissi & échauffé par la perte de cette liqueur, elles éprouvent une soif qui les fait boire au point de s’incommoder & d’altérer leur tempérament. La sueur est encore nuisible, à d’autres égards, à ces animaux. Les filets de leur laine sont privés d’une partie de leur nourriture, que la sueur entraîne au-dehors du corps, & la chaleur qui cause cette sueur, fait croître la laine trop promptement pour qu’elle prenne assez de consistance.

Cependant nous logeons nos bêtes à laine dans des étables, où elles suent non-seulement dans l’été, mais aussi dans l’hiver. Par des soins mal entendus, & par une dépense inutile & même nuisible, nous altérons leur santé, nous gâtons leur laine. Pourquoi renfermer ces animaux dans des bâtimens ? La nature les a vêtus de façon qu’ils n’ont pas besoin de couvert ; ils ne craignent que la chaleur : le froid, la pluie, ni les injures de l’air ne leur font pas autant de mal. Consultez ce qui a été dit aux mots Brebis, Bergerie, Moutons ; ce qui vient d’être dit de la rumination du mouton, s’applique également à celle du bœuf.


Fin du Tome VIII