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charnue exactement semblable au polype utérin. Le tact seul peut lui faire connoître l’espèce de tumeur qu’il palpe. Le polype est ordinairement indolent, & n’est point réductible ; la matrice au contraire est douée d’une sensibilité extrême & se réduit avec facilité ; mais elle retombe d’abord après.

On peut encore, ajoute M. Levret, confondre le polype avec la hernie de la vessie, de l’intestin ou de l’épiploon, qu’on observe quelquefois dans le vagin. Les signes suivans servent à distinguer la hernie de vessie par le vagin, du polype de cette gaine. Le siége de la hernie de la vessie est toujours supérieur, au lieu que celui du polype peut être indistinctement dans tous les points du vagin. La compression de la hernie la fait diminuer, & excite la femme à uriner.

La compression au contraire sur le polype, le fait augmenter & arrête le cours des urines. Les hernies de l’intestin & de l’épiploon par le vagin, déplacent le museau de la matrice, & peuvent souvent être réduites, sinon en totalité & pour toujours, au moins en partie & pour un temps : au lieu que le polype du vagin ne déplace point le col de la matrice, & ne souffre aucune réduction que du dehors de la vulve, au-delà du vagin seulement.

On peut espérer de détruire le polype du nez, lorsqu’il est muqueux & petit comme une verrue, & qu’il n’est pas trop profondément dais les narines, par l’usage des remèdes cathérétiques & dessiccatifs, en prenant les précautions nécessaires, selon la figure qu’il a & la place qu’il occupe. Mais s’il est gros & peu élevé,

l’usage de ces remèdes seroit non-seulement insuffisant, mais encore dangereux, si l’on s’opiniâtroit à les continuer ; les parties voisines en seroient endommagées, & l’excroissance pourroit devenir cancéreuse.

De tous les moyens qu’on a proposés pour la curation des polypes, la ligature est celui qui mérite la préférence sur l’emploi des caustiques, sur la section pure & simple que certains auteurs ont proposée, & sur l’extraction qu’on propose de faire en tordant le pédicule du polype.

On peut faire facilement la ligature de ceux qui ont une racine qui leur sert de pédicule, qui ne sont pas trop en avant dans le nez, & qui se trouvent implantés dans un des côtés, ou de la cloison du nez, ou des os voisins. Dionis se sert d’une aiguille de plomb, avec laquelle on porte un fil ciré par un de ses bouts autour de la racine du polype.

On fait auparavant, avec ce même fil, un nœud coulant & large. On le fait passer avec des pinces au-delà du corps du polype jusqu’à sa racine. Alors on retire par le nez les deux bouts de fil, c’est-à-dire qu’en retire un bout avec l’aiguille par le palais, & qu’on retient l’autre, qui est resté hors du nez. Ensuite on tire les deux bouts pour serrer le nœud, & c’est ainsi qu’on lie le polype à sa base.

Mais il peut se faire que la racine du polype soit si large & si avant dans le nez, qu’on ne puisse ni la lier ni la couper tout près de l’endroit où elle s’implante. Il faut alors en faire l’extirpation avec de petites pinces, ou avec des tenettes à mors concaves & fenêtrées, qu’on