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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/797

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introduit peu à peu dans les narines où s’est accru le polype.

À la suite de cette opération, il survient presque toujours quelque hémorrhagie. On parvient à l’arrêter en faisant respirer par le nez des eaux astringentes, & en remplissant les narines avec des tentes trempées dans ces eaux & recouvertes de poudres styptiques. Paul d’Égine & Albucasis conseillent, pour consumer les morceaux polypeux qui peuvent rester, de faire passer alternativement de la narine dans le gosier, & du gosier dans la narine, une petite ficelle ayant plusieurs nœuds éloignés de quatre lignes les uns des autres.

Les polypes de la matrice ne peuvent être extirpés que quand ils ont outrepassé l’orifice, de telle sorte qu’ils se trouvent pour la majeure partie dans le vagin.

Quand le polype est cancéreux, l’extirpation est très-dangereuse. Il survient pour l’ordinaire une hémorrhagie mortelle, ou l’ulcère qui reste à la partie coupée corrode les parties voisines en se dilatant : les polypes simples de la matrice & du vagin sont recouverts de la membrane interne de ces parties ; ce qui fait qu’ils paroissent lisses au toucher, & enveloppés comme dans une bourse.

Les polypes cancéreux se reconnoissent à l’air ulcéré qu’ils ont, à l’effusion continuelle d’un sang dissous, & aux autres symptômes qui leur sont propres. M. Levret en distingue une espèce qui est toujours vivace.

Ces excroissances, quoique bénignes en apparence, exemptes ordinairement de douleur, & sans aucun écoulement de matière purulente, sont toujours accompagnées d’une perte de sang, ce qui prouve qu’elles sont le produit d’une végétation charnue & fongueuse de quelque ulcère de la matrice ou du vagin. En effet, elles ont coutume de croître irrégulièrement ; elles ont des appendices digitales de tout volume & de toute figure. M. Levret les juge incurables, parce qu’elles reviennent toujours, quoiqu’on en ait fait plusieurs fois l’extirpation.

Enfin, quand on a fait l’extirpation, les grosses racines suppurent plus ou moins. On les lavera, en injectant de l’eau d’orge coupée avec le miel rosat ; & dans la suite on fera des injections avec une décoction d’aigremoine, de tanaisie, d’hypéricum, dans laquelle on dissoudra de la poix liquide. M. AMI.


POMME DE TERRE. (Supplément à cet article) Quoique cet article ait déja une certaine étendue, il m’a paru indispensable d’y ajouter un supplément par forme de résumé, afin de faire saisir du premier coup d’œil ce qui auroit pu échapper à la simple lecture, ou ce que j’aurois omis d’essentiel sur l’utilité d’une plante digne des plus grands éloges, comme nourriture & comme engrais.

La pomme de terre, la patate & le topinambour sont originaires de l’Amérique, absolument distincts entre eux, n’ayant d’autre ressemblance que la facilité de leur végétation & leur fécondité ; ces trois plantes se multiplient par bouture, par marcottes & par semis. Mais la première de ces opérations est la plus précieuse sous tous les rapports.

Le produit est d’autant plus abondant, que celui des blés l’est moins : l’espèce la moins féconde rapporte