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mac digère bien les alimens qu’il reçoit.

Outre les temps généraux, on remarque dans les maladies aiguës des temps particuliers, tels que le temps de l’exacerbation, & dans les fièvres intermittentes, celui de l’accès & celui de l’intermission.

Plusieurs raisons doivent faire attendre le temps de l’intermission, eu bien le temps de la rémission, pour placer les purgatifs lorsqu’ils sont nécessaires : la première est parce qu’on déruiroit l’ouvrage de la nature, qui emploie toutes les forces pour chasser la matière morbifique.

La seconde est que les humeurs se trouvant dans une grande fougue, les purgatifs l’augmenteroient en échauffant. Il est aisé de sentir qu’ils ne pourroient qu’être très-nuisibles.

Il y a encore deux temps pour l’administration des purgatifs, celui d’élection & celui de nécessité. Lorsqu’on est libre & que rien n’empêche de purger le matin, il vaut mieux prendre ce temps-là, parce que le sommeil de la nuit a réparé les forces, & que les malades sont plus en état de supporter l’action des purgatifs, qui, comme nous l’avons déjà dit, affoiblissent par eux-mêmes.

On ne doit pas non plus purger dans le redoublement ; mais comme il peut arriver qu’il ne finisse que sur le soir ou dans la nuit, s’il y a alors nécessité de purger, on le fait à la fin du redoublement. Les purgatifs sont contre indiqués dans l’inflammation des viscères, dans l’état de sécheresse, dans le météorisme, dans l’ulcère des parties internes, dans l’abattement des forces, & dans toutes les maladies essentiellement inflammatoires.

En général, avant de purger il faut préparer les malades par beaucoup de boissons, par le repos & la tranquillité de l’ame : le choix des purgatifs doit être toujours relatif à l’état des forces du malade, à son âge & à son tempérament particulier : on emploiera des purgatifs doux, aux tempéramens vifs, secs & irritables. On réservera les purgatifs drastiques pour les personnes qui ont beaucoup d’humeurs, dont le systême nerveux, musculeux & artériel est doué de très-peu de sensibilité, ou qui ont la fibre lâche.

Pour l’ordinaire ils réussissent dans les maladies séreuses, lorsque les humeurs ont éprouvé une altération, & lorsqu’il faut entraîner une humeur viciée d’une nature froide, & qui est encore mobile.

Enfin, ce n’est qu’avec beaucoup de précaution qu’on fera prendre des purgatifs aux enfans, aux vieillards, aux personnes foibles & aux femmes grosses.

Il est quelquefois prudent de combiner des remèdes hypnotiques ou calmans avec les purgatifs, pour qu’ils agissent avec moins de violence & plus de lenteur, sans les empêcher de produire des évacuations à leur ordinaire. M. AMI.


Fin du Supplément.