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Racine ; rameuse ; la plante est vivace.

Port. Tige herbacée, grêle, cylindrique, cannelée, rameuse, haute d’environ deux pieds ; les fleurs terminales ramassées en bouquet, azurée ; fleurit en été, périt en hiver jusqu’au collet.

Lieu. Les sentiers, les bords des chemins & lieux incultes dans les provinces méridionales, principalement aux environs de Montpellier.

Propriétés. Toute la plante est âcre, corrosive, vulnéraire, détersive. La racine a plus de vertu que les autres parties, elle est aussi plus aromatique.

Usages. Rondelet l’employoit contre la douleur de dents, comme on fait de la pyrèthre. On applique les feuilles sur la tempe dans le même cas. Mâchée, elle enflamme la bouche ; ce qui doit la faire rejeter quand il n’y a pas carie aux dents.

On avoit cru observer que l’application des feuilles fraîches du Plumbago, ou même infusées dans l’huile, pouvoient changer en mieux les ulcères cancéreux & détruire les chairs fongueuses. Ces succès n’ont pas été constans. Les remèdes externes ne peuvent opérer une guérison parfaite lorsque la masse des humeurs est viciée ; & le vice cancéreux est un des plus rebelles. Les topiques n’ont un plein succès que lorsque la maladie est locale, ou lorsque leur action est soutenue par celle des remèdes internes.

C’est peut-être ce même remède que j’ai vu employer mystérieusement & non sans quelque succès, par un empirique intrépide, sur de vieux ulcères phagédéniques aux jambes. Après la chute des escarres on vit l’hideuse circonférence des ulcères se rétrécir sans pouvoir être amenés à cicatrice. Heureux accident qui a sans doute prolongé les jours du malade !

La vertu anti-galeuse du Plumbago est mieux avouée. Quelques auteurs en ont parlé, nommément Garides, dans son Histoire des Plantes des environs d’Aix, qui dit en avoir vu des effets un peu violens : c’est le propre des remèdes actifs, lorsqu’ils sont employés sans précautions. Le peuple de Provence connoît cetts plante sous le nom d’Herbo dei rascas, c’est-à-dire, herbe des galeux ; ce qui annonce l’ancienneté de son usage. M. Sumeire, médecin à Marignane, à confirmé en dernier si cette propriété par ses propres observations, dans un mémoire qui a été couronné par la société royale de médecine, en 1780. Cette compagnie savante a fait répéter ces expériences par des commissaires, & le succès a assez répondu à leur attente.

Comme l’efficacité des remèdes dépend de l’à-propos, c’est-à-dire, de leur juste application, si l’on veut éprouver toute celle du Plumbago, on se conformera an procédé qu’indique M. Sumeire, il est aussi simple que peu coûteux : deux grands avantages pour les gens de la campagne.

Prenez deux ou trois poignées de racine de Plumbago, pilez-les dans un mortier de marbre, jetez dessus une livre d’huile d’olive bouillante, qu’on agitera pendant trois ou quatre minutes avec la racine ; passez le tout au travers d’un linge