Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& exprimez fortement. On forme un nouet avec la racine restée sur le linge.

Pour faire usage du remède, il faut que l’huile soit bien chaude. Alors on y trempe le nouet avec lequel on agite le dépôt qui s’est formé au fond de l’huile & on s’en sert pour frotter un peu rudement la superficie du corps. On doit réitérer les frictions, dit le mémoire, de douze en douze heures, & les continuer tant qu’il y a des restes de gale.

Nous devons prévenir que le premier effet de ce remède est bien différent de celui qu’on attend ordinairement d’un topique, qui est de faire disparoître le mal. Celui-ci l’excite au contraire ; ce qui ne doit pourtant pas alarmer. L’éruption des boutons galeux devient alors plus considérable, mais bientôt ils le dessèchent sans qu’on ait à craindre de rétropulsion.

Ce remède, qui n’est pas aussi désagréable que ceux où entre le soufre, dispense aussi d’avoir recours aux médicamens internes, si toutefois la gale n’est pas compliquée.

Nous observerons encore que ce topique ne doit pas être appliqué indistinctement sur toutes les personnes atteintes de la gale, & qu’il faut respecter certaines parties, par exemple, on ne doit point en frotter la tête ; il convient moins aux jeunes personnes qui ont la peau délicate ou qui sont trop sensibles, aux enfans à la mamelle, &c. Nous croyons qu’on peut dans bien des cas mitiger le remède en mettant plus d’huile & moins de racine. Il ne faudroit peut-être pour amortir la force de ce topique, que laisser sécher la racine avant d’en faire usage. On doit éviter aussi que l’huile soit trop chaude quand on en frotte la peau ; car, quoiqu’il faille que l’huile soit bouillante pour se charger du principe médicamenteux du Plumbago, il seroit imprudent de l’employer dans cet état. Ce seroit vraiment un supplice & faire subir au malade l’épreuve de l’huile bouillante. On en a vu à cause de cela de très-mauvais effets. Que ce soit un avertissement pour ceux qui se droguent sans avoir pris l’avis des gens de l’art.

Quelques gens de la campagne, à qui j’ai fait connoître ce remède, & à qui il convenoit mieux qu’à tous autres, s’en sont bien trouvés. La même préparation a servi pour oindre toute une famille infectée de gale. J’ai conseillé d’en faire usage pour les chiens & pour les brebis galeuses, après leur avoir coupé le poil ou la laine. Il seroit plus à propos, pour les animaux, d’en préparer une pommade qu’on leur laisseroit appliquée pendant quelques jours, & qu’on couvriroit d’une toile assujettie par des bandes pour les empêcher de se lécher. Quelques chasseurs connoissent fort bien ce remède ; il y en a qui s’en sont servis contre la rage.

Remarque. Plus une plante est utile, plus il importe d’en avoir une exacte connoissance & de ne point varier sur sa dénomination. C’est pourquoi nous jugeons nécessaire de faire mention ici d’une erreur au sujet du Plumbago, que nous avons déjà relevée dans la gazette de santé n°. 45, ann. 1785. Il ne convient point de changer le nom imposé au Plumbago, & de le franciser comme on l’a déjà fait