Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/105

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ment dits qui fournissent la véritable térébenthine : ce n’est pas qu’il ne se forme quelquefois aussi des vessies sur l’écorce des jeunes épicias, dans lesquelles on trouve un suc résineux, clair & transparent ; mais ce suc ne fournit point la vraie térébenthine ; c’est de la poix toute pure, qui, en très-peu de temps, s’épaissit à l’air : on aperçoit rarement de ces sortes de vessies sur l’écorce des épicias, & ce n’est que lorsqu’ils sont très-vigoureux, & plantés dans un terrain gras. La résine de ces arbres découle des entailles que l’on fait à leur écorce ; au contraire il ne coule point de térébenthine par l’incision que l’on fait à l’écorce des sapins proprement dits. Si quelquefois on fait par hasard ou par expérience, des incisions à l’écorce des sapins, il en sort si peu de térébenthine, qu’elle ne mérite aucune attention. Il est vrai que ces gouttes de résine qui sortent liquides des pores de l’arbre, s’épaississent à l’air presque comme celles des épicias ; mais il y a cette différence que le suc des épicias devient en s’épaississant opaque comme l’encens ; au lieu que celui des sapins est clair & transparent comme le mastic.

» Il est bon de remarquer que les vessies ou tumeurs qui paroissent sous l’écorce des sapins, sont quelquefois rondes & quelquefois ovales ; mais dans ce dernier cas le grand diamètre des tumeurs est toujours horizontal & jamais perpendiculaire. Dans les endroits où le fond est gras & la terre substancielle, on fait deux récoltes de térébenthine dans la saison des deux séves, savoir celle du printemps & celle d’août ; mais chaque arbre ne produit qu’une fois des vessies pendant le cours d’une séve ; il n’en produit même qu’à la séve du printemps dans les terrains maigres. Il n’en est pas ainsi des épicias ; ces arbres fournissent une récolte tous les 15 jours, pourvu qu’on ait soin de rafraîchir les entailles qu’on a déja faites à leur écorce.

» Les sapins commencent a fournir une médiocre quantité de térébenthine, dès qu’ils ont trois pouces de diamètre, & ils en fournissent de plus en plus, jusqu’à ce qu’ils aient augmenté jusqu’à un pied. Alors les piqûres qu’on a faites à leur écorce, forment des écailles dures & racornies. Le corps ligneux, qui continue de s’étendre en grosseur, oblige l’écorce qui est dure & incapable d’extension, de se crever ; & à mesure que l’arbre grossit, cette écorce qui, quand l’arbre étoit jeune, n’avoit qu’un quart de pouce d’épaisseur, acquiert jusqu’à celle d’un pouce & demi, & alors elle ne produit plus de vessies.

» Les épicias au contraire fournissent de la poix tant qu’ils subsistent, en sorte qu’on en voit dont on tire de la poix en abondance, quoiqu’ils aient plus de trois pieds de diamètre.

» Les sapins ne paroissent pas s’épuiser par la térébenthine qu’on en tire, ni par les piqûres qu’on fait à leur écorce. Les écailles qu’elles occasionnent, & les gerçures des écorces des gros sapins, ne leur sont pas plus contraires que celles qui arrivent naturellement aux écorces des gros ormes, des gros tilleuls ou des bouleaux.

» Il découle naturellement, comme on l’a déja dit, de l’écorce des épicias, des larmes de résine qui, en s’épaissis-