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renfermés dans un calice coloré en blanc, un peu lavé de rouge, & qui tient lieu de pétales. Ce calice est d’une seule pièce, ouvert & divisé par ses bords en cinq parties ovales & obtuses.

Fruit ; chaque fleur ne produit qu’une seule semence, brune, triangulaire, à trois côtés saillans & égaux.

Feuilles en forme de cœur en fer de flèche, d’un verd clair ; les inférieures sont portées par de longs pétioles ; les supérieures sont presque adhérentes aux tiges.

Racine ; fibreuse, composée d’un grand nombre de fibres capillaires.

Port ; sa hauteur varie suivant la nature du sol, & suivant le plus ou moins de culture qu’on lui a donnée. On peut dire, en général, que la tige s’élève à la hauteur de deux pieds ; elle est droite, cylindrique, lisse, branchue ; les fleurs naissent au sommet de chaque branche, disposées en bouquet ; les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu ; originaire d’Afrique, naturalisée en France. La plante est annuelle dans les terrains secs, & lorsque la saison est belle, elle commence à fleurir quinze jours après qu’elle est sortie de terre ; en général ses fleurs durent trés-long-temp, & même plus de la moitié des graines est mûre lorsque les fleurs tardives épanouissent encore.


Section première.

De sa culture.

Toute espèce de terrain convient au blé-noir, excepté celui qui est trop humide ou aqueux. Cependant on doit prévenir que la plus ou moins grande abondance de sa récolte, tient beaucoup à la qualité du sol, & dépend souvent encore plus de la saison ; il préfère les terrains forts à tous les autres, & vient passablement dans les terres légères, sablonneuses & caillouteuses. L’expérience a démontré assez bien que cette plante, depuis le moment de son semis jusqu’à celui de sa récolte, ne couvre la terre que l’espace de quatre-vingt jours ou de cent, suivant le climat & la saison.

On a le plus grand tort de n’égratigner la terre que par deux simples coups de charrue & labours croisés. Il vaut beaucoup mieux l’ouvrir pro*fondement & multiplier les labours, même coup sur coup, si on ne peut faire autrement. Plusieurs auteurs ont avancé que le sarrasin n’effritoit pas la terre, & qu’il faisoit périr les mauvaises herbes. Ce second article est très-vrai, il les étouffe par son ombre ; mais il n’en est pas ainsi du premier. L’on ne me persuadera jamais qu’une plante à racines fibreuses & très-fibreuses, n’effrite pas la terre de son voisinage & sa superficie, puisqu’elle ne pousse point de racines pivotantes : c’est peut-être la raison pour laquelle on se contente d’égratigner la terre.

On sème le blé-noir à deux époques, ce qui dépend des circonstances & des climats, ou aussitôt après l’hiver lorsqu’on ne craint plus les gelées tardives, ou après qu’on a levé les récoltes de froment ou de seigle… ; la plus pente gelée fait périr cette plante. La première méthode est celle des pays naturellement froids ou l’hiver est de longue durée ; la seconde est adoptée dans les cantons tempérés. Dès que la