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ment serrés les uns contre les autres, & qui ont a leur surface de petits points lisses & brillans. De plus, les antennes des escarbots sont coudées & forment un angle dans leur milieu… Un autre caractère, mais qui n’est qu’accessoire, c’est la manière dont ils tiennent souvent leur tête renfoncée dans leur corselet, de façon qu’on les croiroit décapités, & qu’on n’aperçoit tout-au-plus que leurs mâchoires qui sont grandes & saillantes.

Tous les scarabées ou tous les coléoptères (mots synonymes) ont été originairement dans l’état de larves ou de vers, dont les uns habitent dans les bouses de vache & autres excrémens des animaux, les autres au fond des eaux claires ou bourbeuses, d’autres dans les feuilles d’arbres, d’autres dans la terre ; ceux-ci font grand tort aux racines des arbres dont ils se nourrissent. Telles sont les larves du rhinocéros ou moine, ou turc ou ver blanc, ou man. C’est dans ces divers endroits que ces vers croissent, se nourrissent, subissent des métamorphoses qui leur sont communes avec plusieurs insectes, se changent en nymphes & deviennent ensuite des scarabées.

Une des choses les plus remarquables dans les scarabées, c’est que leurs os, ou cette substance analogue à la corne, qui leur en tient lieu, se trouve, ainsi que dans les coquillages, au dehors, & couvre leur chair, au lieu que dans les grands animaux qui ont du sang, les os sont toujours cachés sous la chair. Si on désire de plus grands détails, on peut consulter les ouvrages de M. Geoffroi, de M. Bonnet de Genève, de M. de Réaumur, &c. &c.


SCARIFICATION, opération chirurgicale qui s’exécute avec un instrument tranchant, au moyen duquel on incise la peau, les tégumens, &c. Une semblable opération est pratiquée dans la conduite des arbres. Pline en parle dans le dix-septième livre de son Histoire naturelle. Je ne terminerai pas ce chapitre, dit cet ancien, sans avoir indiqué un remède concernant les arbres, qui consiste à les scarifier… Priscien en avoit parlé avant lui. « Lorsque leur écorce, amaigrie par la maladie, vient à se resserrer, & qu’elle comprime excessivement l’intérieur de l’arbre, on y fait de longues incisions du haut en bas, en tenant la serpette avec les deux mains, afin de la mieux conduire ; par ce moyen on relâche en quelque façon cette écorce ; & ce qui montre que cette pratique est salutaire à l’arbre, c’est que les incisions s’élargissent, & qu’ensuite le bois de l’arbre, ne trouvant plus en ces endroits d’obstacle à son accroissement, les remplit & les incarne[1] ».

  1. Note de l’Éditeur. Je respecte infiniment l’autorité de Pline, cependant je ne puis être de son avis. Si l’écorce est entièrement desséchée d’un côté ou par places d’un même côté, comme cela arrive assez souvent après un coup de soleil, il vaut beaucoup mieux enlever avec la serpette cette écorce desséchée, & recouvrir la plaie avec l’onguent de Saint-Fiacre ; alors une écorce nouvelle s’incarnera, pour me servir de l’expression du Traducteur de Pline, & recouvrira la plaie. Si l’écorce n’est simplement que flétrie, si le mouvement de la séve n’est pas intercepté, l’onguent de Saint-Fiacre produira encore un bon effet ; peu-à-peu, sous cette enveloppe, l’écorce