Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elles sont roulées en spirale sur elles mêmes avant leur développement.

Lieu ; les bois, les montagnes, les fentes des rochers, les terrains humides ; la plante est vivace ; sa plus grande vigueur est en automne.

Propriétés ; feuilles d’une odeur aromatique très-peu sensible, d’une saveur légèrement austère & un peu âcre. La scolopendre fait partie des plantes capillaires ; on l’employe dans les aposèmes apéritifs, béchiques & vulnéraires. On prescrit les feuilles sèches depuis demi-dragme jusqu’à demi-once en macération au bain-marie, dans cinq onces d’eau.


SCORBUT. (Médecine rurale.) Jusqu’ici on a beaucoup écrit sur le scorbut. Ronsseus & Echtius, médecins de l’antiquité, en avoient fait une maladie du foie : leur sentiment fut adopté par les médecins qui vinrent après eux ; mais il étoit réserve à Sennert, a Forestus, à Horstius, à Reusnerus, & à Villisius, de combattre cette erreur. Les différentes recherches & découvertes qu’ils firent sur des cadavres infectés de scorbut, les empêchèrent d’accréditer cette opinion, parce qu’ils trouvèrent ce viscère (la rate) dans l’état le plus naturel, & exempt de la plus légère trace scorbutique.

On ne sauroit dissirmuler qu’on a souvent trouvé cet organe gâté & corrompu ; mais on ne doit pas pour cela en conclure que la rate soit plus particulièrement affectée dans cette maladie, puisqu’on a observé les poumons, le péricarde, le cœur, le mésentère, l’épiploon, & les autres viscères abdominaux plus ou moins atteints de la même corruption.

Enfin, comme le scorbut ne peut pas être défini, à cause de la variété de ses symptômes, il doit être regardé comme une maladie très compliquée, difficile à connoître, & encore plus pénible à guérir.

On en distingue deux espèces, le scorbut de mer, & celui de terre, ou bien le scorbut chaud, & le scorbut froid. Dans chacune de ces espèces on distingue trois degrés progressifs ; le commencement ou le prélude, l’augmentation & sa confirmation.

Le scorbut s’annonce toujours par une nonchalance & une paresse extraordinaires, par une aversion pour tout exercice, par le plus grand désir de rester toujours assis ou couché, & par la plus obscure retraite. Ceux qui en sont atteints deviennent pâles & bouffis du visage ; à la couleur naturelle de la peau succède la couleur verdâtre des lèvres ; le corps devient à son tour pâle, obscur, & même livide ; la tristesse, la crainte & la consternation s’emparent de leur ame, leurs membres sont engourdis, leurs jambes fléchissent, ils conçoivent le plus grand dégoût pour la marche, le moindre mouvement augmente leur fatigue.

Le pouls dans cet état, s’éloigne peu du naturel, & si on y observe quelque différence, elle ne consiste que dans la lenteur & la dureté de l’artère. À tous ces différens symptômes se joignent la difficulté de respirer, le gonflement des hanches, le battement de l’artère épigastrique, la démangeaison de tout le corps, le saignement des gencives qui laissent couler un sang dissout, qui prend bientôt après une couleur rouge, & une consistance mollasse