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rifiques pour combattre promptement le scorbut, & les peuples de l’Inde septentrionale n’en emploient point d’autres : c’est la nature qui les leur a suggérés. Les chirurgiens du cap de Bonne-Espérance excitent de bonne-heure les sueurs, donnent pour cet effet des bouillons composés avec la chair de tortue & les bois sudorifiques, font coucher les malades pendant quatre ou cinq heures du jour & ont le soin de les faire couvrir de plusieurs couvertures, pour provoquer & compléter la crise parfaite que la sueur doit opérer.

On peut encore donner dans cette même vue une légère infusion de fleurs de sureau & de coquelicot, & faire brosser la peau des malades ; les sudorifiques trop forts seroient dangereux, parce qu’ils pourroient les jeter dans un abattement de forces.

Les vésicatoires offrent encore un moyen presque sûr d’évacuer la matière morbifique : MM. Poissonier, des Perrieres & Rouppe les ont employés avec succès. Le dernier, avec ce remède, a guéri, dans une nuit, un matelot, de douleurs très-fortes qu’il éprouvoit sur les genoux ; il faut néanmoins éviter de les appliquer aux jambes de peur d’y occasionner des plaies, qui pourroient dégénérer à leur tour en ulcères du plus mauvais caractère, & c’est toujours dans le commencement du mal qu’il faut y avoir recours, & jamais lorsqu’il y a infiltration & dissolution des humeurs, ils pourroient alors être très-nuisibles en provoquant la gangrène.

La saignée & les vésicatoires n’excluent point les laxatifs & les diurétiques ; on doit toujours choisir les plus doux, & s’abstenir de donner ceux qui agissent d’une manière trop énergique. Sous ce point de vue, on doit prescrire la décoction des pruneaux, des raisins, à laquelle on ajoute, en tant que de besoin, la crème de tartre, la manne, la rhubarbe, le polipode de chêne, le tamarin, la casse.

Le petit-lait, combiné avec le sel polycreste, est un remède qui produit toujours de grands effets. J’ai vu l’usage du miel commun, marié avec la crème de tartre, relâcher le ventre & produire de grandes évacuations, sans abattre les forces. Le docteur Addington recommande beaucoup l’eau marine prise à jeun le matin à la dose de deux à trois verres, deux ou trois fois par semaine ; le sel dont cette eau est chargée, purge doucement, & répond aux bons effets qu’on doit en attendre.

3°. On tâchera de détruire le virus scorbutique par les remèdes spécifiques. Pour y parvenir, on donnera, matin & soir, deux onces chaque fois de suc de cresson, mêlé avec égale quantité de cocléatia & de beccabunga, en y ajoutant une demi-once de sirop antiscorbutique.

Le petit-lait combiné avec ces mêmes sucs, l’eau de goudron, la décoction des jeunes branches de pin, doivent être employés.

On doit encore donner les plantes antiscorbutiques sous forme de bouillons ou d’apothèmes, dans lesquels on fait entrer la racine de patience, de raiffort sauvage, à la dose de demi-once chacune.

Morton & Coste ne veulent point qu’on donne aucune espèce de lait aux scorbutiques ; mais Buchan a