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très-souvent éprouvé des effets extraordinaires du lait, pour toute nourriture dans le scorbut de terre : « cet aliment, ajoute-t-il, préparé par la nature, renferme un mélange des propriétés des animaux & des végétaux qui sont les plus propres de toutes à rétablir une constitution délabrée, & à corriger cet acrimonie des humeurs qui paroît constituer la véritable essence du scorbut ».

Le docteur Kramer regarde le petit-lait, coupé avec trois ou quatre onces de suc d’orange ou de citron, & pris à la dose d’une pinte deux fois par jour, comme le véritable remède spécifique contre le scorbut, & il assure avoir guéri avec ce seul remède une infinité de scorbutiques. Le quinquina réussit quelquefois ainsi que les martiaux ; ce n’est que lorsque les organes digestifs sont affoiblis qu’on doit y avoir recours. Les taches qui surviennent a la peau n’exigent aucun topique ; leur rentrée ou disparition seroit funeste aux malades. Les ulcères des gencives ne demandent qu’un gargarisme d’eau d’orge miellée, à laquelle on ajoute quelques gouttes d’esprit de cochléaria.

On ne sauroit assez recommander aux scorbutiques la gaîté, l’amusement, la dissipation, & sur-tout un exercice modéré à un air libre & pur ; il est prouvé que le changement d’air & le régime végétal ont guéri le scorbut confirmé & invétéré, sans le secours d’aucun autre remède ; ils doivent s’interdire toute sorte de plaisirs qui entraînent après eux la satiété & le dégoût & dont l’usage ne peut que les jeter & les entretenir dans l’oisiveté & la nonchalance, qui sont toujours inséparables de leur état. Nous ne devons pas passer sous silence les bons effets que la décoction de la grande patience a opérés dans les douleurs scorbutiques anciennes ; Buchan compose cette décoction en faisant bouillir dans trois pintes d’eau, jusqu’à réduction de deux, une livre de cette racine, & en fait prendre depuis un demi-setier jusqu’à une chopine par jour : nous ne saurions assez en recommander l’usage.


SCORDIUM ou GERMANDRÉE AQUATIQUE. (Voyez Pl. IV, page 142).)Von-Linné le place dans la quatrième section de la quatrième classe des herbes à fleur d’une seule pièce en gueule & a une seule lèvre. Il l’appelle chamædris palastris, pellescens, seu scordium officinarum. Von-Linné le nomme teucrium scordium, & le classe dans la didynamie gymnospermie.

Fleur, formée par un tube B cylindrique., recourbé à son extrémité, ne formant qu’une seule lèvre inférieure divisée en cinq parties ; celle du milieu est grande, ovale, légèrement concave, les quatre autres sont petites & arrondies ; les étamines au nombre de quatre, dont deux sont plus grandes & deux plus courtes, sont attachées par leur base au haut du tube de la corolle, connue on le voit en C. Le calice d’une seule pièce à cinq dentelures aiguës, est représenté en D, & laisse apercevoir le pistil.


Fruit ; le calice persiste après la maturité du fruit, & renferme quatre semences E.

Feuilles, ovales, dentées, adhérentes aux tiges, marquées de fortes nervures qui correspondent aux dentelures.