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sur son adversaire : le combat dont parle M. Amoreux a été funeste de part & d’autre. La souris a été vivement piquée, mais elle a su renverser le scorpion sur le dos, lui a rongé d’abord les pattes, ensuite le thorax à demi ; elle l’a curé en fouillant dans ses entrailles ; elle a abandonné la queue, les pinces & l’extrémité du ventre. Après mille sauts & gambades inutiles, pour atteindre le haut de la cucurbite qui les renfermoit, elle revenoit à sa proie qu’elle n’a point achevée. Cinq heures après je trouvai la souris, si éveillée auparavant, assoupie, & le fond de la cucurbite sali, il s’en élevoit une odeur marine très-forte. Je lui livrai un autre scorpion pour la ranimer, elle n’en fit pas cas ; celui-ci se recoigna sans coup férir. Deux heures après la souris étoit abattue & se soutenoit à peine sur ses jambes ; je trouvai la souris & le scorpion morts, celui-ci étant entier & la souris enflée. Je crois qu’indépendamment de la piqûre que la souris avoit reçue, sa mort a pu être hâtée par l’infection de sa propre atmosphère, & le scorpion aura péri de la même cause, ou de l’humidité qui provenoit sans doute de l’urine de la souris ».

Le venin du scorpion agit sur les insectes & sur les animaux à sang froid, comme sur ceux à sang chaud. Quant à ses effets sur le corps humain, quoique soumis aux mêmes modifications, on ne peut les révoquer en doute : les symptômes, qui varient aussi, annoncent plus qu’une simple piqûre ; mais il est douteux si jamais elle a été mortelle en France.

On a propose un grand nombre de remèdes contre cette piqûre : l’alcali volatil paroît convenir également pour arrêter les effets du venin du scorpion, comme pour celui de la vipère. Il est indifférent qu’on emploie l’eau de Luce, le sel volatil d’Angleterre, ou l’alcali fluor quelconque. À défaut de ces préparations chimiques, le peuple peut avoir recours aux plantes qui fournissent des principes équivalons ; telles sont les plantes à fleur en croix, comme les raves, navets, choux, &c.

L’huile d’olive, dans laquelle on a fait macérer un certain nombre de scorpions, a été fort recommandée contre la piqûre de cet insecte. On a également recommandé d’écraser le scorpion, & de l’appliquer sur la blessure. L’un & l’autre sont des erreurs très-accréditées, mais elles n’en sont pas moins des erreurs.


SCORSONÈRE. Toornefort la place dans la première section de la cent trente-cinquième classe des herbes à fleurs, à demi-fleurons, dont les semences sont aigrettées, & il l’apelle scorsonera latifolia sinuata. Von-Linné la nomme scorsonera hispanica, & la classe dans la syngénésie polygamie. On a tort de confondre la scorsonère avec le salsifix ; ce sont deux espèces bien différentes.

Fleur, composée de demi-fleurons hermaphrodites, dont les extérieurs sont les plus longs, & dont la languette est divisée en quatre ou cinq dentelures. Ils sont rassemblés dans un calice long, presque cylindrique, garni d’environ quinze écailles membraneuses à leurs bords.

Fruit ; semences oblongues, cylindriques, cannelées, de la moitié plus courtes que le calice, couron-