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supprime l’année de jachère, les terrains médiocres porteront du froment & fourniront aux propriétaires le grain nécessaire à leur consommation. Ils n’auront plus alors aucun prétexte de semer du méteil. Ils auront beau objecter que c’est la coutume, que le mélange se trouve tout-à-fait dans le grain à livrer pour la nourriture des valets de la métairie ; la coutume est abusive, il faut la détruire ; le prétexte du mélange est spécieux, puisque dans moins d’un quart-d’heure on a mêlé dix mesures de seigle avec dix mesures de froment ; la mouture achevé ensuite le mélange intime des farines. La chose la mieux démontrée, c’est la perte réelle.

On laboure ces terres, on les herse, &c. comme pour semer du froment ; la récolte, le battage sont les mêmes. (Consultez l’article Froment.) Plus long-temps le seigle reste en meule, & plus il se bonifie : son grain, ainsi conservé, même jusqu’à la seconde année, est supérieur à celui de la première.


CHAPITRE III.

De Ses propriétés.

Propriétés économiques. Dans les cantons où les fourrages sont rares, en peut employer utilement l’année de jachère, en semant du seigle, que l’on coupe lorsque la tige est formée & avant que l’épi soit entièrement développé. Ce fourrage est excellent, & vaut beaucoup mieux que celui des prairies naturelles. La plante fauchée, repousse de nouveau ; quand elle est parvenue à sa plus grande hauteur, on l’enterre par des coups de charrue très rapprochés.

Plus de la moitié des habitans du royaume ne mange que du pain de seigle. Presque par-tout il est mal pétri, mal levé & mal cuit. Cependant il est très-possible de faire avec sa farine d’excellent pain, & aussi blanc que le pain de pur froment. (Consultez l’article Pain, il y est question de la manière de faire celui de seigle.)

Propriétés Médicinales. Le seigle en décoction est utile dans tous les cas où l’orge est indiqué. (Consultez cet article.)


CHAPITRE IV.

Des maladies du seigle.

Ce grain n’est pas aussi communément attaqué de la carie ni du charbon que le froment : il se conserve aussi-bien que lui dans les greniers, s’il y règne un courant d’air assez fort pour le débarrasser de son humidité surabondante. Il a encore l’avantage de ne pas être attaque par le charançon. Les oiseaux & les souris sont les seuls animaux qu’il redoute.


De l’Ergot.

L’ergot est la principale maladie qui affecte ce grain sur la plante. On appelle ergot ou blé-cornu, des excroissances dont la forme imite l’ergot d’un coq, ou une corne, dont la couleur est noire ou brune ; leur saveur est âcre. — Quelle est la cause de cette production monstrueuse ? Les avis ont long-temps été partagés sur ce sujet, & on a ha-