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solsticial, sa hauteur sera moindre & la largeur de la serre plus grande… Si on l’avance en-deçà du rayon, sa hauteur sera plus grande & la largeur moindre ; mais toujours dans les mêmes proportions. Soit comme la hauteur du solstice de 67 degrés, & soit donnée la hauteur du mur de 9 pieds & 4 pouces… 1°. J’élève la verticale B, E, fig. 7, de 9 pieds & 4 pouces, & je porte cette même longueur sur l’horisontale, pour avoir le triangle rectangle B, A, E, dont je prolonge infiniment l’hypoténuse, qui sera nécessairement incliné de 45 degrés 1°. Du point B, je tire le rayon solsticial faisant avec l’horisontale un angle de 67 degrés, & je le prolonge jusqu’à ce qu’il coupe la ligne A, E, D… Du point d’intersection, j’abaisse sur l’horisontale la verticale C, D : elle sera la hauteur du vitrage de 17 pieds 4 pouces. L’espace de huit pieds compris entre elle & la ligne B, E, sera la longueur de la serre.

J’aurois pu donner des règles plus courtes, plus générales & plus précises par le calcul, pour trouver ces dimensions ; mais les calculs étant une langue étrangère à la plupart de ceux pour qui j’écris, j’ai préféré une méthode intelligible aux jardiniers & aux ouvriers.

V. Direction du vitrage. Les plus habiles cultivateurs ne sont pas d’accord sur la direction du vitrage du devant d’une serre ; les uns veulent qu’il soit vertical, d’autres le préfèrent incliné, & d’autres font la partie inférieure verticale, & inclinent la partie supérieure.

Suivant les premiers, un vitrage vertical est le moins sujet à être endommagé par la grêle ; retient le moins les neiges & les pluies ; présente le moins de surface au froid ; ne laisse point tomber les vapeurs humides qui s’y attachent, sur les plantes, & les expose le moins aux coups meurtriers du soleil, &c… Quoi qu’il en soit de ces avantages, dont quelques uns pourroient être contredits, les serres dont le vitrage est vertical, ne sont pas sans défauts.

1°. Leur toit incliné, quelque bien fait, quelque bien plafonné en dessous qu’il puisse être, à moins qu’il ne soit couvert en paille, n’est pas toujours un rempart assuré contre les fortes gelées 2°. Si elles ont une grande profondeur, elles ont nécessairement une grande hauteur, & retiennent une grande masse d’air, & par conséquent elles sont difficiles & dispendieuses a échauffer. Les plantes placées dans le fond, s’alongeant & s’inclinant sur le devant, pour chercher la lumière directe dont elles sont éloignées, s’étiolent & s’affoiblissent 3°. Si elles sont étroites, elles ne peuvent pas longtemps conserver la chaleur, parce, que le froid pénètre & condense bientôt le mince volume d’air qu’elles renferment. D’ailleurs, on ne peut y placer qu’un petit nombre de plantes ; & si on leur donne plus de longueur pour augmenter leur capacité, on ajoute à la dépense de vitres & de châssis sans diminuer le défaut de la serre ; de sorte que le vitrage avantageux dans les climats plus méridionaux que celui de Paris, n’est dans celui-ci que pour les grandes serres auxquelles, pour réunir l’agréable & l’utile, on veut donner la forme extérieure d’un bâtiment régulier & décoré.