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Mais le vitrage incliné de cette serre, & même celui d’une serre moins large, auroit une telle portée, que pour l’empêcher de plier & de s’affaisser dans son milieu, il seroit besoin d’une panne appuyée, dans les serres d’une certaine longueur, sur des poteaux de fer. On peut sans préjudice des plantes diminuer environ un tiers de la longueur du vitrage, & le remplacer par un petit toit incliné au nord, comme le représenté la même figure 10. Alors le vitrage est réduit à 13 pieds ; le retranchement de la partie triangulaire FEG diminue d’autant la capacité de la serre, & la rend moins difficile à échauffer ; & le jour du solstice d’été à midi, elle n’est privée du soleil que dans le petit espace du triangle GFH. Aux serres qui ne renferment point de plantes de la zone torride, ou qui ne renferment que les moins délicates, on pourroit donner plus de largeur à ce toit, pour rendre l’étendue du vitrage & la hauteur de la serre encore moindre. Dans quelques serres ce toit est prolongé dans la direction du solstice d’été, au-delà du vitrage, comme dans la figure 11, pour l’abriter & empêcher le vent du nord de se rabattre dessus, & pour que le dessous de ce toit, bien plafonné & blanchi, réfléchisse de la lumière & même de la chaleur dans la serre. De plus, la partie inférieure du vitrage est un peu inclinée, afin de diminuer l’obliquité des rayons du soleil, la longueur de l’autre partie du vitrage & la capacité de la serre. Ces petites différences dans la construction d’une serre, ne changeant point ses proportions essentielles, sont assez, arbitraires. Elles ne nuisent pas à sa bonté, & quelquefois même elles peuvent y ajouter.

VI. Bâtisse. La serre doit être préservée du froid & du vent du nord, par un mur épais, d’environ deux pieds, construit presqu’à bain de mortier en brique, ou en moëlon de la meilleure qualité qui puisse se trouver dans le pays, ravalé en-dehors, bien enduit & blanchi d’un lait de chaux en-dedans. La plupart des cultivateurs veulent un mur semblable du côté de l’est, pour défendre leurs serres des vents froids d’est & nord-est les plus dominans pendant l’hiver fig. 12.

Les autres côtés sud & ouest étant vitrés, on n’y élève de mur que jusqu’au niveau de l’aire, ou peu au-dessus. Sur ces deux petits murs on applique une plate-forme de bon bois de chêne, large de neuf ou dix pouces, épaisse de cinq ou six, taillée en chanfrein sur les bords de sa face supérieure, pour faciliter l’écoulement des eaux des pluies, & pour laisser passer plus de soleil & de lumière sur l’aire de la serre. Elle doit déborder d’un pouce ou d’un pouce & demi, le parement extérieur des murs.

Dans cette plate-forme on entenonne des montans ou poteaux distans de quatre ou cinq pieds entr’eux, de six pouces d’équarrissage, & d’une longueur égaie à la hauteur du vitrage, c’est-à-dire de cinq pieds & demi à sept pieds pour la partie verticale, si la partie supérieure est inclinée ; ou de toute la hauteur de la serre, si tout son vitrage est vertical. Dans le premier cas, ces montans reçoivent une autre plate-forme des mêmes dimensions que l’autre, & s’y entenonnent. Cette seconde plate-forme reçoit en mortaise de semblables montans inclinés qui se posent aussi en assemblage sur le faîte ; (on peut les incruster en découvrement & les attacher avec des