Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/221

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nas, peu élevée, longue de 50 pieds[1] ; mais on éprouve aussi qu’au lieu d’un seul fourneau, si l’on en construit deux moindres à chaque extrémité, & qu’on partage la tannée en deux, on obtiendra plus de chaleur avec moins de matières de ces deux petits fourneaux que du grand ; que cette chaleur sera plus également répartie en servant également les deux fourneaux, ou inégalement distribuée, si les plantes l’exigent, en n’allumant qu’un fourneau, ou en servant les deux inégalement. On sait que le fagot donne presque trois fois moins de chaleur que le gros bois, que la bonne tourbe de Hollande est plus lente à donner de la chaleur que le bois, mais qu’ensuite elle en donne une plus forte, parce qu’elle jette plus de fumée, & est plus durable, parce qu’elle se consomme moins promptement. On connoît les divers degrés de chaleur des différens charbons de bois, de terre, de tourbe ; mais ces connoissances & ces épreuves ne suffisent pas pour faire terminer les dimensions absolues d’un fourneau ; parce que la plupart des serres varient dans les leurs, & que, de plusieurs serres de même longueur, l’une sera plus large & l’autre plus étroite, ou plus haute, ou plus basse ; l’une sera échauffée avec du bois, & l’autre avec d’autres matières. Au reste, cette précision dans les dimensions d’un fourneau n’intéresse essentiellement que l’économie ; car les soins & l’intelligence d’un jardinier répareront les défauts d’un fourneau & d’une serre, pendant que les plantes languiront ou périront dans la meilleure serre & avec le meilleur fourneau, sous la conduite d’un jardinier ignorant ou négligent.

Cependant il est bien constant que le feu qui brûle librement & en plein air, chauffe beaucoup moins vivement que celui qui est resserré dans un fourneau (sur-tout s’il a beaucoup de hauteur) où la flamme peut s’étendre & se dilater, donne bien moins de chaleur que dans un moindre fourneau, où les parties du feu, rapprochées & forcées à une réflexion & une collision continuelles, sont obligées d’entrer avec toute la fumée dans le tuyau, dont l’orifice large peut être regardé comme une extension du fourneau. Il est évident qu’un petit fourneau est plus économique & plus avantageux qu’un grand, puisque la même quantité de matière, & même avec une moindre, il donne plus de chaleur. Si toutefois il étoit si petit qu’on fût obligé d’y remettre très-fréquemment du bois, il seroit incommode pour le service, sur-tout pendant les nuits rigoureuses d’hiver ; mais sa hauteur est la plus importante de ses dimensions ; je viens d’en dire la raison ; & j’ai vu très-peu de fourneaux de serres chaudes, qui n’aient trop de hauteur. Pour des petits fourneaux, 14 pouces de l’aire au sommet du cintre, & pour les plus grands, de 16 à 18 pouces, sont une hauteur suffisante. On peut cependant en donner un peu plus aux fourneaux qui sont servis en tourbe, afin de pouvoir y entasser assez de ma-

  1. Ces diverses dimensions prises sur des fourneaux de serres existantes, sont toutes défectueuses par trop de hauteur.