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l’abricotier, & sur tous les arbres à noyau, ce suc est gommeux ; il est résineux dans les pins, les sapins, &c, gommo-résineux dans le chanvre, &c. &c. (Consultez ces mots) Il seroit facile de multiplier les exemples.

On a beaucoup écrit sur la marche & la progression de la sève, mais on ne s’est pas assez occupé à connoître comment ses principes se réunissent, se combinent, & s’approprient tellement à la manière d’être de tel ou de tel végétal, qu’ils deviennent la cause de sa prospérité ou de sa mort.

Tâchons de faire ce premier pas, examinons comment la sève concourt à former la charpente des végétaux ; enfin jetons quelques idées, peut-être nouvelles, sur les causes mécaniques de la sève du printemps & du mois d’août.


CHAPITRE PREMIER.

Des principes de la Sève.

On retire par l’analyse chimique de tous les végétaux, de l’eau, de l’air. soit atmosphérique, soit fixe, soit inflammable, (consultez ce mot) un sel quelconque, de l’huile grasse, de quelques-uns de l’huile essentielle, enfin la partie terreuse qui a servi à la charpente du végétal. Tous ces principes sont donc dans les plantes, mais, pour les en retirer, il a fallu que la sève les ait auparavant appropriés, qu’ils aient été élaborés par son mouvement ascendant & descendant, enfin perfectionnés par des sécrétions, & ces sécrétions n’ont eu lieu que par la transpiration ; mais comment ces principes si contraires, & qui ont si peu d’affinité les uns avec les autres, ont-ils pu se combiner & ne former qu’un tout ? C’est-là le vrai point de la question. Dira-t-on que chaque plante pompe de la terre le suc qui lui appartient exclusivement à toute autre plante ; que les racines vont chercher celui qui leur convient, & rejettent ceux qui ne leur sont pas analogues, &c. Ce seroit singulièrement compliquer la marche de la nature qui choisit par préférence les voies les plus simples pour toutes ses opérations. Quand même ces assertions seroient aussi vraies qu’elles sont démontrées fausses, cette explication du phénomène entraîneroit après elle mille difficultés, mille exceptions plus difficiles ä résoudre que la première question. En effet, supposons une caisse remplie de terre préparée depuis long-temps par un fleuriste, c’est-à-dire, composée de débris animaux & végétaux, & de ce qu’on appelle terre franche. Cette terre, j’en conviens, paroît au premier coup-d’œil contenir une grande variété de principes. Semons actuellement dans ctte terre & pêle-mêle, une forte quantité de graines de laitue, de cardon d’Espagne, de persil, de bette-rave, de radix, &c. enfin couvrons cette terre de graines quelconques. Toutes germeront, végéteront ; les tiges couvriront toute la surface de la caisse, & les racines rempliront tout l’intérieur de la terre, puisqu’elles sont supposées se toucher près à près. Dira-t-on dans ce cas, que ces racines iront chercher la sève qui leur est propre ? Mais la proximité des racines voisines & multipliées, les empêchent de s’éloigner de la perpendiculaire, jusqu’à ce que les plus fortes aient