pas dissoute. Pendant l’agitation donnée à l’eau, cette matière rouge a été seulement étendue ; si on ajoute de la gomme à cette eau, la partie colorante y restera suspendue. Ces distinctions sont essentielles à saisir si on veut connoitre le mécanisme compositeur de la sève. L’extension, la suspension sont des manières d’être différentes de la dissolution. Prenez du sucre, jettez-le dans un vase plein d’eau, il y fondra peu-à-peu dans le fond, & quelques jours après, sur-tout s’il fait chaud, vous trouverez la liqueur supérieure du vase aussi sucrée que celle du fond. Voila l’exemple d’une véritable dissolution. Ce que je dis du sucre s’applique également aux sels acides, alcalis & neutres en plus ou moins grande proportion. Revenons aux principes.
J’ai dit que la terre calcaire ou terre alcaline, celle qui fait effervescence avec les acides, telles que la chaux, les craies, les marnes, &c. étoit la seule qui entrât dans la charpente des plantes. Toutes les analyses n’en ont jamais démontré d’autres. Cette terre est uniquement composée de débris d’animaux & de végétaux ; c’est la vraie terre végétale, le véritable humus, la terre soluble par excellence ; chaque jour la masse augmenteroit, si les pluyes l’ayant dissoute, ne l’entraînaient plus facilement que les terres vitrifiables. Cette terre n’est pas pure & sans mélange ; la chaux, qui est la terre calcaire par excellence, ne l’est pas ; elle est toujours mélangée avec d’autres espèces de terres, & c’est précisément parce qu’elle est soluble, que ses mollécules sont plus desséminées dans les autres terres, suivant la manière dont le dépôt en a été formé. Il n’y a qu’une terre soluble, c’est la partie calcaire ; toutes les autres terres concourent à la végétation, non essentiellement, mais indirectement. Elles sont des terres matrices qui agissent, dans un sens, comme l’eau gommée sur le cinabre. Elles servent de points d’appuis aux racines, & semblables à une éponge, à retenir l’eau nécessaire aux dissolutions, & de-là, à la végétation des plantes. L’argille franche retient trop l’eau, le sable pur la laissé trop filtrer & évaporer. La bonne terre est celle qui retient l’eau en quantité proportionnée aux besoins de la plante, & qui contient plus de terre soluble pour la nourrir ; mais pourquoi cette terre est-elle soluble ? c’est qu’elle est par elle-même un sel terreux alcalin, & que de tous les sels connus, aucun n’est plus facilement dissout par l’eau. Il faut donc distinguer deux choses dans cette terre, & son latus salin, & son latus terreux, fournis par l’ancienne décomposition des animaux & des végétaux. La nature, par leur destruction, régénère sans cesse la reproduction de cette terre par excellence. C’est toujours la faute de l’homme, si la terre matrice s’épuise de la terre soluble qu’elle contient. Le latus terreux est composé de molécules réduites à l’exiguïté la plus inconcevable ; & ce ne peut être autrement, puisqu’elles ont déja servi & resservi à l’organisation des individus qui ont eu vie. Il n’en est pas de même des terres matrices ; elles ne se décomposent pas ; tout au plus, des causes secondaires les mélangent avec la terre soluble ; & elles restent toujours telles qu’elles sont quant à leurs principes.
D’après cet exposé il est facile