Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/252

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de concevoir comment notre premier principe, terreux, salin, soluble dans l’eau, & susceptible de la plus grande division & atténuation, peut être dissout par l’eau & former avec elle un tout, devenu homogène par la dissolution ; enfin, comment ce principe peut être charié par la sève & servir a la charpente des plantes.

2°. De l’eau. On ne doit pas considérer l’eau dont la terre est imbibée, comme une eau pure, semblable à celle des pluies d’hiver (consultez ce mot) ; de pure, supposée telle, en tombant elle cesse bientôt de l’être ; elle dissout les sels que la terre renferme, & elle dissout en même temps l’humus ou terre végétale. La voilà donc déja eau composée, plus ou moins saturée par des corps étrangers, terreux & salins, & n’ayant encore qu’une partie des matériaux de la sève.

3°. De l’huile. Je n’ai pas à parler en ce moment de toutes les espèces d’huile fournies par les plantes. Sous cette dénomination d’huile, j’entends la décomposition de toutes les substances graisseuses, butireuses, &c. qui ont servi aux organisations antérieures des animaux, des végétaux, & qui, par la putréfaction & décomposition, sont interposées entre les molécules terreuses. Personne ne peut nier l’existence de ces corps graisseux ; & c’est par les différentes modifications qu’ils éprouvent, soit dans la terre, soit dans le travail des plantes, qu’ils sont successivement convertis en huile, en résine, & même en cire & surf, tels qu’on retire ces derniers de certaines plantes

4°. De l’air, On ne peut disconvenir que dans la terre, il n’y ait de l’air semblable à celui que nous nommons atmosphérique. Cet air n’est pas pur ; il est combiné avec d’autres espèces d’air. Ses combinaisons se multiplient à mesure que les animaux pourrissent & se décomposent ; & ces substances ne pourrissent que parce qu’elles lâchent leur air fixe, leur air de combinaison (consultez ces mots). Les molécules de la terre se l’approprient & le retiennent ; mais, comme cet air est singulièrement miscible & soluble dans l’eau, il s’unit avec elle, & devient, si je ne dis pas, la base de la sève, au moins un des principes qui jouent le plus grand rôle : enfin il est miscible à toutes les dissolutions, & plusieurs ne se complètent que par lui. L’expérience prouve que toutes les plantes donnent dans leur analyse de l’air fixe. Si l’analyse est faite par l’eau, on y découvre l’air atmosphérique & l’air fixe, & très-souvent l’air inflammable.

5°. Des sels quelconques. Chaque plante a son sel propie, combiné à sa manière, en plus ou moins grande quantité, suivant sa nature. Ce sel est le résidu de celui que la terre renfermoit, & le résidu du travail de l’élaboration qu’il a subie pendant la végétation de la plante.

Tels sont les matériaux qu’il a fallu considérer d’une manière isolée, afin de me rendre intelligible sur le mécanisme de leur combinaison, enfin sur la formation de la sève. Les matériaux sont prêts ; élevons l’édifice.

On fait que les huiles ne sont pas miscibles à l’eau, & ne peuvent pas par elles seules s’amalgamer avec l’eau. La nature se seroit donc trompée, si elle n’avoit pas un mode pour parvenir à ce mélange. L’expérience prouve que si, à l’eau & à l’huile,