Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/267

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chands de chevaux de Paris, achetèrent à la foire de Caen, en 1780, trois chevaux, qu’ils revendirent à Paris, où ils furent trouvés siffleurs ou cornards. Les acheteurs se pourvurent pardevant les juges-consuls, contre les marchands de Paris, en garantie de ce vice. Ceux-ci se pourvurent, a leur tour, contre les marchands de Normandie.

La jurisdiction des consuls, où ce vice est passé, je ne sais d’après quelle loi, en garantie d’usage pendant neuf jours, condamna les marchands de Paris à reprendre les chevaux, & déchargea les marchands de Normandie, de la demande en garantie formée contre eux par les premiers.

Ceux-ci appelèrent de la décision des consuls au parlement : ils produisirent à ce tribunal, une dissertation en forme de certificat, tendante à prouver, par l’anatomie du cheval, que le sifflage ou cornage est une modification, ou une dépendance de la courbature, qui devoit être regardée comme une même maladie que c’est un vice plus considérable que la morve, la pousse & la courbature ; qu’il est tel, qu’il rend le cheval de nulle valeur, & le conduit à une mort inévitable & très-prochaine, &c… Le parlement rendit un arrêt le 2.5 janvier 1781, qui condamne les marchands de Normandie, à reprendre les chevaux, à en restituer le prix, à payer les frais, & qui ordonne que le sifflage ou cornage sera désormais au nombre des cas rédhibitoires.

Les marchands de Normandie, se pourvurent en cassation au conseil, qui, par un arrêt du 8 janvier 1782, adopta cette voie, & évoqua l’affaire. Les marchands de Paris formèrent opposition à cet arrêt, & demandèrent un examen de l’état des chevaux, qui fût accordé. On nomma de part & d’autre des experts, en février 1783, & le conseil leur proposa les questions suivantes.

Qu’est-ce que le sifflage ou cornage ou halley ? Est-il une suite de la courbature ? les symptômes en sont-ils les mêmes ? & est-il incurable ?

Telles sont les différentes questions qui sont discutées dans le rapport dont nous avons cru devoir faire un article de cet ouvrage, comme étant très-intéressant & très-instructif pour nos lecteurs. Il nous a été communiqué par M. Huzard, Vétérinaire à Paris.

Le conseil demande qu’est-ce que le cornage & sifflage ou halley :[1] s’il est une suite de la courbature, si les symptômes en sont les mêmes, & s’il est incurable ?

Cette discussion exige beaucoup d’exactitude, & des connoissances peut-être au dessus de nos forces ; nous allons examiner ces différentes questions, & tacher de répondre aux

  1. Ce dernier mot, qu’on écrit aussi Hallei, Halay ou Halet, est nouveau dans l’art vétérinaire : On ne le trouve que dans le supplément du dictionnaire d’hippiatrique de M. la Fossé, Tom. IV, pag. 385, il signifie la même chose que les deux autres, mais bien moins énergiquement : il dérive sans doute du mot haleine, comme pour faire entendre que dans ce cas, l’haleine ou la respiration est gênée, ou abrégée. Ce mot, au surplus, à l’exemple de beaucoup d’autres, formant un synonyme inutile, doit être proscrit.