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vues du conseil ; nous nous croirons trop bien récompensés, si nous avons pû jeter quelques traits de lumière sur cette parcelle de la législation.

On appelé cornage & sifflage, un bruit plus ou moins fort que fait entendre le cheval pendant la respiration, soit continuellement, comme on le voit dans quelques circonstances maladives, soit pendant ou après l’exercice, ainsi qu’il arrive le plus fréquemment. Il est toujours produit par la résistance qu’éprouve l’air à son passage de l’atmosphère dans les poumons, & de ceux-ci dans l’atmosphère, d’où résulte un son, dont les différentes inflexions, sont plus ou moins rauques ou aiguës.

Les causes de ce bruit sont en assez grand nombre ; mais on peut les réduire aux suivantes : 1°. aux vices, de conformation : 2°, aux maladies aiguës de la poitrine : 3°. aux maladies chroniques : 4°. à des accidens particuliers : enfin à la mauvaise manière de harnacher les animaux. Nous croyons indispensable d’entrer dans quelques détails sur chacun de ces points.

1°. Les vices de conformation qui donnent le plus souvent lieu au sifflage & cornage, sont : 1°. l’étroitesse & le peu d’amplitude de la poitrine, défaut exprimé par le terme de côte plate ou serrée : 2°. une tête mal attachée, & qui force l’animal à s’encapuchonner : 3°. l’étroitesse du larinx & le peu de dilatation de l’orifice des naseaux & des fosses nazales : 4°. la présence d’un polipe dans ces parties : 5°. l’obésité ou l’excès de la graisse, dont le médiastin & le péricarde sont quelquefois remplis, au point de gêner l’expansion des poumons : 6°. enfin quelque défaut de conformation intérieure, &c. dont il n’est possible de juger que par l’inspection anatomique.

Dans le premier cas, le poumon recevant une colonne d’air, plus considérable que la dilatation bornée de la poitrine ne le permet, la repousse avec impétuosité au dehors, & le cheval siffle ou corne dans l’expiration ; dans les autres, au contraire, l’air ne pénétrant pas avec facilité, vu l’étroitesse des passages & les obstacles qu’il rencontre, l’animal est forcé d’aspirer avec force, & le bruit se fait entendre pendant l’inspiration. Mais comme l’air trouve la même résistance dans sa sortie, qu’il est d’ailleurs raréfié par la chaleur de la poitrine, & que par conséquent il occuppe plus d’espace, le bruit a également lieu, & est même toujours plus fort pendant l’expiration. Ces effets, toujours très-sensibles, au surplus, pendant ou après un exercice un peu violent, sont nuls ou presque nuls dans le repos, & pendant un exercice modéré. Le mouvement du flanc, quoique très-accéléré dans le premier cas, conserve assez constamment sa régularité, ou la reprend immédiatement après quelques instans de repos ; ce qui n’a pas lieu, lorsque l’animal est attaqué de la pousse (voyez ce mot) ou d’une maladie plus ou moins aiguë, dans laquelle le flanc est agité continuellement, même dans l’écurie.

Dans la plupart de ces circonstances, ce bruit est presque toujours incurable, & plus désagréable que dangereux. L’animal paroit, d’ailleurs, jouir d’une bonne santé, quoique la gêne qu’éprouve la respiration dans les exercices violens,