Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/307

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leur naturelle dans la partie offensée ; sa lividité, sa noirceur & sur-tout la puanteur cadavéreuse qu’elle laisse exhaler, ne laisse aucun doute sur son existence.

Dans le troisième degré, je veux dire dans le sphacèle, l’épiderme se détache aisément, & le membre sphacélé répand une odeur fétide.

La gangrène produit le sphacèle, & le sphacèle la mort, a moins qu’on n’y apporte promptement les anti-septiques convenables.

On ne peut dissimuler que la gangrène & le sphacèle des parties internes, sont presque toujours le présage d’une mort assurée. On peut porter le même pronostic de la gangrène & du sphacèle des parties tendineuses externes qu’on ne peut pas extirper, parce que les progrès ordinairement sont très-rapides.

Astruc regarde ces maux comme toujours mortels dans les vieillards, dans les hydropiques & dans les phtisiques, &c. Il ajoute que la syncope, le hoquet, les frissons sont des signes mortels dans la gangrène & le sphacèle ; & que la gangrène qui vient de cause interne est plus dangereuse & plus difficile à guérir que celle qui vient de cause externe.

On ne peut guère se promettre de guérir la gangrène accidentelle, que dans un corps jeune, sain & bien constitué ; encore faut-il qu’elle se fixe sur une partie qui puisse en favoriser l’extirpation dans le cas de nécessité, ou tout au moins supporter des scarifications & des brûlures, sans craindre le moindre inconvénient.

Le traitement de la gangrène consiste, 1°. à gouverner le mode inflammatoire de telle sorte qu’il ait un degré médiocre & constant de l’activité qui lui est nécessaire : 2°. à résoudre les obstacles qui s’opposent à la formation du pus.

Le mode inflammatoire peut être excessif & déterminé tel par la douleur ; il faut sans doute le modérer par l’application des cataplasmes émolliens & anodins, tels que la jusquiame, le solanum & autres stupéfians. Mais ce n’est que lorsque la douleur est dominante, qu’on peut avoir recours à ces remèdes, comme la très-bien observé Scules. Platner veut qu’on ait recours à un mélange d’huile, & de l’esprit ardent, lorsqu’il y a tuméfaction dans la partie affectée.

On doit rapporter à la gangrène, où domine le mode inflammatoire, celle qui reconnoît pour cause l’étranglement & la construction spasmodique dans une partie nerveuse. C’est ce spasme excessif qui produit le dégagement de l’air fixe dans les solides & les fluides, & qui donne raison de la bouffissure qui se forme aux bords.

On avoit autrefois attribué cette constriction spasmodique & cette bouffissure à un vice vénéneux répandu dans les humeurs, & dans cette vue on donnoit des remèdes actifs, fortifiants & spiritueux qui, bien loin de diminuer le spasme, ne faisoient que l’augmenter. Les observations faites à ce sujet, ont démontré l’absurdité de ce système, & la nécessité de la saignée, l’emploi des relâchans, d’une diète sévère, & du débridement de la plaie s’il peut avoir lieu.

Il doit en être de même de ces