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tière d’une partie du corps, causée par interruption de la circulation du sang & des autres humeurs, & par la corruption de la partie.

On divise ordinairement la gangrène en sèche, en humide & en gangrène blanche : on distingue dans cette maladie trois degrés. Le premier est connu sous le nom de gangrène imminente ; le second sous celui de gangrène confirmée ; & le troisième est appelé sphacèle.

Beaucoup d’auteurs donnent une autre distinction de ces maladies. Ils disent qu’une partie est gangrenée lorsque le jeu de la circulation est diminué dans la partie, mais seulement dans la superficie ; au lieu que dans le sphacèle, il l’est jusqu’à l’os.

La gangrène est presque toujours le produit de l’inflammation : elle se manifeste quelquefois chez les vieillards à leurs extrémités, sans qu’il ait précédé le moindre vestige inflammatoire, par une petite vessie pleine d’eau, qui répand & laisse voir au fond, dès qu’elle est ouverte, une liqueur jaunâtre de très-mauvaise odeur : quelquefois la partie devient molasse, & tourne aussi vers la gangrène. D’autre fois elle est due à une compression violente, ou à la rupture des nerfs ou des vaisseaux sanguins.

La gangrène peut aussi dépendre d’un grand froid qui, en resserrant les fibres, condense les humeurs, ou d’une trop grande chaleur qui augmente l’inflammation. Il n’est pas rare de la voir survenir à la suite d’un froid excessif, sur-tout lorsque imprudemment on approche du feu le membre gelé, tout comme dans les fortes chaleurs de l’été dans les tumeurs inflammatoires.

La différence qu’il y a entre la gangrène & le sphacèle, est, comme l’a très-bien observé M. de l’Amure, que dans la première, il reste encore quelques vaisseaux libres & entiers par lesquels la circulation s’exécute, quoique difficilement, au lieu que dans le sphacèle, il n’y a aucun vaisseau entier & libre ; plus de circulation & de principe de vie ; plus de commerce avec le reste du corps ; la partie est absolument morte,

Quand cette maladie vient par une cause inflammatoire, après avoir combattu l’inflammation par les remèdes convenables, les symptômes, bien loin de diminuer, acquièrent un plus grand degré d’intensité, La partie devient beaucoup plus rouge, les douleurs plus vives & plus aiguës. À cet état succèdent une forte fièvre, des inquiétudes, une insomnie, le délire ; les malades chassent aux mouches, ils s’agitent sans cesse. On observe des phlyctènes ou vessies qui s’élèvent sur la peau, & autres symptômes qui sont toujours une sûre annonce d’une corruption dans les humeurs, ou d’un grand obstacle à leur circulation. Ce sont là les symptômes de la gangrène imminente. Les signes suivans caractérisent toujours le second état de cette maladie, c’est-à-dire, la gangrène confirmée. Les symptômes dont on vient de donner l’énumération, diminuent ; la partie devient molasse ; on distingue fort bien par le toucher, l’insensibilité, l’extinction de la cha-