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bifique vers les couloirs de la peau ; c’est donc suivre la nature & l’aider, que de les donner dans ce cas : ce raisonnement est captieux, mais il est aisé d’en démontrer la fausseté, & pour cela, il n’y a qu’à faire observer que l’éruption peut être empêchée, ou par le trop grand mouvement du sang & la contraction des vaisseaux, ou par le relâchement des vaisseaux, & le défaut d’activité des organes de la circulation.

Les sudorifiques sont encore contre-indiqués dans les sueurs symptomatiques, qui doivent être plutôt calmées qu’entretenues, sur-tout si elles sont chaudes, & si elles dépendent d’une dissolution âcre.

L’emploi de ces remèdes exige certaines précautions ; elles se réduisent à garder le malade dans un lit, médiocrement couvert, à associer l’opium à certains sudorifiques, surtout si l’on veut exciter plus sûrement la sueur, & à savoir choisir & donner la préférence à tel sudorifique, sur tout autre.

Les sudorifiques nous sont offerts par les trois règnes de la nature ; le règne végétal, qui est le plus abondant, nous donne les bois sudorifiques, tels que le gayac & le sassafras, la salsepareille, la racine d’esquire, celle de bardane, la scorsonère, la germandrée aquatique, le chardon béni, l’escabieuse, le coquelicot & les fleurs de sureau. Le règne animal nous fournit la corne de cerf, la chair de la vipère & le sang de bouquetin. Le règne minéral ne nous donne que l’antimoine diaphorétique ; mais aussi, il nous offre une immensité de sources, d’eaux thermales, qui excitent la sueur de la manière la plus énergique, M, AMI,


SUEUR. Médecine rurale. C’est l’excrétion d’une humeur ordinairement claire & limpide par les pores.

La sueur n’est pas une fonction perpétuelle. Selon M. de Haller, « elle est toujours l’effet d’un excès, ou dans le mouvement du sang, ou dans le relâchement de la peau. Naturellement assez claire & un peu trouble, la sueur se teint par la chaleur, par l’exercice, par la mal-propreté, qui retient & accumule l’onguent des glandes, et par les fièvres. Elle prend aussi une teinture des alimens ; elle prend de la mauvaise odeur, par les causes que je viens de nommer, & plus encore, par les crises des fièvres humorales putrides, dans lesquelles elle contracte une odeur particulière, qui trahit la crise avant qu’elle se fasse ».

La sueur, qui n’est point habituelle, ne doit pas être regardée comme une maladie. On sait qu’elle peut être excitée par une infinité de causes, telles que la chaleur, l’exercice immoderé une marche trop longtemps soutenue, l’exposition aux ardeurs du soleil, le passage subit du chaud au froid, la boisson excessive des liqueurs spiritueuses, les veilles forcées, les vives passions de l’ame, la mollesse du tempérament, la délicatesse des fibres, un air lourd, épais, chaud & humide.

On a observé que les personnes sanguines & pléthoriques, & celles qui sont d’un tempérament phlegmatique ou spongieux, sont les plus sujètes aux sueurs. On distingue encore la sueur en critique, symptomatique & en colliquative.

La sueur, pour être vraiment critique, ne doit paroitre que sur