pâleur, la saignée à la jugulaire est essentielle, tout comme dans les coups de soleil, où la fluxion est concentrée vers la tête ; tandis que si elle se fait à plusieurs reprises, & que le raptus des humeurs n’ait pas encore décidé un état inflammatoire, la saignée du pied est préférable. Enfin, les alternatives & les reprises décident mieux la saignée du pied que celle du bras, comme l’a très-bien observé Réga, sans en donner la raison.
On a long-temps disputé si on doit appliquer la saignée au même côté de la douleur, ou à l’opposé. Freind a décidé que le choix en étoit très indifférent. Sans vouloir dire qu’il peut s’être trompé, il semble qu’il a été induit en erreur par l’application qu’il a voulu faire des loix de la circulation du sang d’après Harvey. Trales veut que dans la pleurésie on saigne du côté affecté, & Triller recommande aussi la saignée sur le côté affecté, comme plus utile, à cause de la sympathie qui se fait secundùm rectitudinem loci affecti. Cette observation est conforme à celle d’Hippocrate qui nous a dit que dans les maladies de la rate, lorsque la solution se fait par les hémorragies, celle du côté gauche du nez étoit plus générale ; & au contraire, celle du côté droit du nez, dans les affections du foie.
Il est des saignées perturbatrices, dont l’application est différente de la dérivative & de la révulsive, Elles doivent être faites sur le côté opposé à l’endroit affecté. Elles ont lieu dans les fluxions invétérées, & non dans les aiguës. Hippocrate faisoit ouvrir avec succès la veine du front, dans les douleurs vives de la partie postérieure de la tête, & a guéri des ophtalmies chroniques en faisant scarifier les parties occipitales. C’est à la méthode perturbatrice qu’il en devoit tout le succès.
Il y a encore des saignées locales, dont l’emploi est si avantageux qu’il seroit très-dangereux de les négliger dans certaines circonstances. Ces saignées affoiblissent beaucoup plus que les révulsives & dérivatives ; mais elles ont un inconvénient, qui est cette attraction, ce mouvement indiqué par Haller. Les scarifications aux cuisses déterminent quelquefois le flux hémorroïdal qui avoit été supprimé. La sympathie augmente, il est vrai, dans les parties affectées ; & c’est ce qui pourroit en faire préférer l’usage ; mais aussi cet inconvénient peut devenir très-considérable, si l’on n’a fait précéder les autres évacuations générales, pour affoiblir la fluxion, & évacuer suffisamment les vaisseaux pour se mettre à l’abri de l’inflammation.
On a vu guérir des maladies du foie par l’application des sangsues à la partie affectée, de même que les scarifications produire d’heureux effets dans la sciatique. Mais il est plus avantageux d’entremêler les saignées dérivatives & révulsives avec les locales ; c’est ce que Galien a très-bien vu, quand il a dit que souvent, dans les pleurésies, on répéteroit inutilement les saignées dérivatives & révulsives, si on n’appliquoit en même temps des vésicatoires, (qui font fonction de saignées locales) des sangsues & scarifications à l’endroit affecté ; méthode qui diminue la sensibilité locale, ce que les saignées, tant dérivatives que révulsives, ne feroient point seules, ou du moins très-imparfaitement.
Enfin, nous terminerons cet articulée en observant que la quantité du