Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

palissés uniformément sur tout l’arbre, & l’arbre a repris sa parfaite égalité, son véritable équilibre. C’est donc, comme je l’ai dit, la faute du jardinier, si un arbre en espalier, en éventail, & même en buisson ou gobelet, se porte plus d’un côté que d’un autre.

D. Êtes-vous physiquement assuré de la réussite de ce procédé ?

R. Oui, mais quelquefois on ne parvient pas à ce point dans une seule année, sur-tout lorsque l’arbre est déja vieux. Le moyen le plus prompt est de détacher du mur le côté foible ; c’est-à-dire, la branche & les bourgeons, & de les soutenir élevés par des tuteurs, parce que, relativement à leur longueur, ils n’auroient pas assez de consistance pour résister aux coups de vent & aux orages. D’ailleurs les tuteurs ne gênent point leur végétation, & servent à les écarter de douze à dix-huit pouces du mur ; ce moyen est infaillible si on ne s’y prend pas trop tard… Si la mère-branche est trop forte pour se prêter à cette opération, on laissera tous les bourgeons sonner autant de canaux directs ou perpendiculaires jusqu’à ce qu’ils aient attiré à eux la sève nécessaire, tandis que toutes les branches & rameaux, de l’autre aîle de l’arbre, seront chacun respectivement palissés au-dessous de l’angle de quarante-cinq degrés.

D. Comment palisser, par exemple, à l’angle de quarante-cinq degrés, les bourgeons qui s’élèvent au-dessus d’un mur ?

R. Ils ne doivent pas l’être, à moins qu’on les fixe sur un treillage. Il faut les coucher horizontalement contre le mur, & si on les y laisse, ils ne donneront l’année d’après, que des boutons à fruit. Cette position horisontale les fait passer tout de suite de l’adolescence à la vieillesse, & elle force la sève qu’ils attiroient auparavant avec vigueur, à refluer dans les branches inférieures, & à profiter de l’excès de nourriture devenue inutile à ces bourgeons. J’aurois pu renvoyer cette réponse au chapitre suivant de la taille d’été, mais ici elle complette la théorie de l’effet de l’angle de quarante-cinq degrés.

D. Vous avez parlé de la position des deux premiers membres, & vous n’avez encore rien dit des deux seconds, c’est-à-dire, des deux inférieurs ?

R. Il est juste de satisfaire à votre impatience ; tous les bons jardiniers conviennent aujourd’hui que les deux membres supérieurs doivent être placés à l’angle de quarante-cinq degrés ; mais ils veulent encore que les deux inférieurs soient diriges sur l’horisontale B, N ce qui avec la perpendiculaire A, B, donne l’angle de quatre-vingt-dix degrés ; consultez la planche XVIII du mot pêcher, p. 509, tome VIII[1]. Les figures 15, 19, 20, &c. représentent des bourgeons placés au-dessous de la ligne horison-

  1. Dans cet article sont données toutes les méthodes de la taille proposées par les différens auteurs ; ce qui m’évite d’entrer ici dans de nouveaux détails. (Consultez cet article essentiel, afin de juger par comparaison.)