Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/416

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pleine cuillerée à café d’une huile quelconque ; la moins coûteuse est aussi bonne que la plus chère. On a plusieurs arrosoirs pleins d’eau, & on en vide dans le trou sans déranger ses bords. Un petit entonnoir facilite beaucoup l’opération. La première eau empêche que la terre, trop sèche, ne s’imbibe de l’huile, & la seconde pousse cette huile sur toute l’étendue de la galerie. Dès que cette eau huileuse touche l’insecte, il remonte contre le courant d’eau, parvient à l’extérieur, où, quelques minutes après, il périt dans des mouvement convulsifs. Tout le monde sait que les insectes ont l’ouverture de la trachée-artère sur le dos. L’huile la bouche, l’animal ne peut respirer, & meurt étouffé. Si plusieurs galeries de communication sont ouvertes, l’animal se sauve de l’une à l’autre, & il échappe au courant d’eau huilée qui, en suivant la pente de la galerie la plus pentive, laisse les autres intacts. Il n’est donc pas surprenant que cette expérience réussisse dans les mains des uns, & soit nulle pour bien d’autres ; tout dépend des circonstances.

Il est bien prouvé que le fumier de cheval attire la courtilière. Von-Linné, d’après Scopoli, assure que le fumier de cochon la fait fuir. Je n’ai pas vérifié cette expérience lorsque je le pouvois ; j’invite les fleuristes & les jardiniers à la constater. Si vers la fin de l’hiver, on fait une fosse de quelques pieds de profondeur, & si on la remplit de fumier de litière bien battu, bien serré, & recouvert de quelques pouces de terre, ce fumier s’échauffe, & sa chaleur attire les taupes-grillons qui viennent s’y loger. Quinze jours après, on enlève promptement la terre & le fumier, & on détruit l’animal dès qu’on le voit. Cette méthode est sûre par elle-même, mais elle manque souvent. La courtilière court très-vite dans ses galeries ; & dès qu’elle entend le moindre bruit, dès qu’elle éprouve la plus légère secousse, elle fuit. Dès-lors, le temps que l’on met à enlever la terre & le fumier, est plus que suffisant pour qu’elle puisse s’échapper de la couche, & braver le piège qu’en lui avoit tendu ; mais si à la place de cette couche sourde, on enterre une caisse remplie de fumier, & si on enlève d’un seul coup cette caisse, à l’aide des cordes & d’un levier, aucun de ces insectes n’échappera. Elle ne doit être percée que d’un seul côté par une ouverture quarrée, de huit lignes de diamètre. La fosse dans laquelle on l’enfouit, laissera un vide de quatre pouces environ entre les parois de la fosse & ceux de la caisse. Ce vide est garni de fumier menu, sec & pailleux, dans lequel la courtilière tourne & retourne, jusqu’à ce qu’elle ait trouvé l’ouverture ; les autres courtilières suivent la même route, & se rendent dans l’intérieur de la caisse. Le fumier sec de la circonférence, & non pressé, n’oppose aucun obstacle à l’enlèvement subit de la caisse, & sert même à boucher la galerie de sortie, lorsqu’on l’enlève. On répète la même opération tous les quatre ou cinq jours. Le dessus de la caisse doit être recouvert de terre.

Un moyen plus simple & qui seul m’a servi à détruire complètement les taupes-grillons dans un jardin qui en étoit infesté, consiste à placer deux bâles de fumier de