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litière, à la tête de chaque petit chemin tracé entre deux planches de jardinage. On le piétine & on le laisse pendant cinq ou six jours, ainsi amoncelé. Dès que la chaleur de la saison se renouvelle, au septième jour, & avant le lever du soleil, le jardinier armé d’une fourche à trident, vient doucement vers le monceau, & d’un seul coup l’éventre & l’éparpille, il voit alors les courtilières & les tue. Il est bon d’observer qu’il ne faut pas déranger l’ouverture des galeries qui correspondoient au fumier. Après l’opération, le jardinier amoncèle à la même place le même fumier. S’il est trop sec, il l’arrose un peu & le piétine. Le lendemain ou le surlendemain au plus tard, il recommence sa chasse de la même manière que la première, & ainsi de suite pendant toute la saison. Qu’il ne se dégoûte pas, si par fois elle est infructueuse ; en renouvellent de temps à autre le fumier, il la rendra plus utile ; son odeur attirera de loin les insectes. Si dans ces monceaux de fumier, multipliés suivant le besoin, il trouve un dépôt d’œufs, alors la totalité du fumier & de la terre voisine doit être enlevée avec le plus grand soin, & portée sur-le-champ dans le feu, afin de détruire d’un seul coup tous les œufs. Sans cette précaution, un grand nombre échappera à ses recherches.

Plusieurs écrivains ont conseillé d’arroser les jardins avec une eau imprégnée d’odeur forte. J’ai retourné de mille & millle manières cette expérience, toujours sans succès. Je désire beaucoup qu’ils aient été ou qu’ils soient plus heureux que moi. — M. Valmont de Bemarre, dans son dictionnaire d’histoire naturelle, dit que le taupe-grillon enterre des grains de blé pour se nourrir pendant l’hiver. L’insecte est alors engourdi, & n’a besoin d’aucune nourriture. D’ailleurs, il ne court qu’après les racines fraîches.


TAUREAU. Voyez Bœuf.


TEIGNE. Médecine rurale Le mot teigne dérive de celui de tinea, infecté qui ronge les étoffes de laine ; les médecins arabes l’appeloient sahafati, les latins furfurago ; mais ceux ont vécu en Europe avant le renouvellement des lettres, lui ont constamment donné le nom de teigne, parce que dans cette maladie, la partie chevelue de la tête leur paroissoit rongée, à peu près de même que le sont les étoffes de laine. Mais quoique ce nom soit le plus communément reçu, on ne laisse pas de l’appeller dans plusieurs provinces, rache ou rasque.

On distingue la teigne, en humide & en sèche. Le célèbre Astruc donne la description des trois espèces de teigne humide : « dans la première, on apperçoit dans les ulcères qu’elle produit, des petits trous circulaires, qui ressemblent parfaitement bien aux cellules d’un rayon de miel, d’où il découle une humeur visqueuse & jaunâtre. »

« La seconde espèce est connue sous le nom de teigne en forme de figue. On observe dans les ulcères des excroissances toutes remplies de grains très-petits, ronds, jaunâtres, exactement semblables aux graines qui sont dans les figues. »

« Enfin il appelle la troisième, espèce humide, teigne simple, parce