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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/418

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que la sérosité qui découle des ulcères qu’elle excite, est purulente & ne participe en aucune manière à la moindre apparence du miel ni de la figue. »

Ce même auteur fait aussi trois espèces de la teigne sèche.

« La première est la teigne croûteuse, dans laquelle les ulcères sont couverts de croûtes jaunes, cendrées, noires, livides & très-hideuses à voir. »

« La seconds est appelée écailleuse ou lupineuse, parce qu’il s’élève des bords des ulcères secs, des callosités qui ressemblent à des lupins ou gros poids, & qui se soulèvent en écailles. »

« La troisième espèce sèche est la teigne porrigineuse, ou furfuracée, dans laquelle les ulcères ne sont que des gerçures profondes, sèches & calleuses, dont les bords sont continuellement couverts d’une farine ou son blanchâtre, qui se détache quand on se gratte. »

On a beaucoup disputé sur le siège de la teigne, les uns l’avoient placé vaguement sur la peau de la tête, & les autres dans les bulbes, ou les capsules qui enveloppent les racines des cheveux : l’opinion de ces derniers paroît la plus vraisemblable, & consumée par l’opiniâtreté du mal, & par le peu de succès que produisent les topiques. La nécessité d’arracher les cheveux quand la maladie est confirmée, la qualité des cicatrices qui restent après la guérison ; la destruction totale des capsules d’où les cheveux tirent leur origine, ne laissent nullement douter que ces mêmes capsules des cheveux ou des poils n’en soient le siège.

Une infinité de causes peuvent donner naissance à cette maladie : elle dépend le plus souvent de l’âcreté de la lymphe ; d’après cela ceux qui le nourrissent d’alimens salés, épicés & de haut goût, y sont les plus sujets. L’usage trop précoce du café & autres liqueurs spiritueuses, chez les enfans, le mauvais régime de vie, la suppression de transpiration, le vice scorbutique & vérolique, la mal-propreté de la tête, les différentes maladies extérieures dont elle peut avoir été affectée, le peu de soin qu’on donne à tenir propre la tête des enfans, sont autant de causes qui peuvent déterminer la teigne. Elle peut aussi se communiquer du dehors, quand on se sert des peignes, des mêmes bonnets, ou des mêmes coiffes dont un teigneux se sera déja servi, ou qu’on couchera ensemble, ou en vivant dans une trop grande fréquentation.

La teigne se distingue des dartres, & autres maladies érésipellateuses ; en ce que les croûtes sont plus épaisses, elles ont aussi leur couleur particulière, qui est ordinairement cendrée comme la mousse du chêne, ou quelquefois jaunâtre. Ces croûtes sont très-vilaines & rendent la tête puante ; cette puanteur est plus ou moins forte selon le degré du mal, la qualité & la quantité du pus, & le plus ou le moins de soin qu’on met à tenir propre le malade.

Les teigneux éprouvent quelquefois des frissons & des mouvemens fébriles, qui sont toujours une annonce certaine de repompement des matières purulentes de la tête. La teigne occasionne chez eux la chute des cheveux, des glandes dans les couloirs de la lymphe, & la maladie pédiculaire. Ils sont tourmentés par une grande démangeaison qui les porte