Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/420

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oublient les fatigues de la journée, même en travaillant. Cependant, si dans une métairie isolée, un propriétaire récolte beaucoup de chanvre ou de lin, & si les femmes & les enfans à son service ne suffisent pas pour teiller toute la récolte, c’est le cas de se procurer une broye, parce que jamais l’ouvrage ne doit être arriéré. Une fille, une femme, & même un enfant de 10 à 11 ans, est en état de la conduire & de la faire mouvoir ; jusqu’au plus médiocre charpentier d’un village est en état de la construire, si simple elle est. Des papiers publics vantèrent beaucoup, il y a quelques années, une machine composée de deux cilindres cannelés, se mouvant l’un sur l’autre, au moyen d’une manivelle. J’ai une semblable machine exécutée avec soin. Elle présente plusieurs défauts essentills : 1°. Il faut un homme pour tourner la manivelle ; 2°. comme ces cylindres ne peuvent ni se hausser ni se baisser, le gros bout de la tige du chanvre passe difficilement, fatigue beaucoup celui qui donne le mouvement, tandis qu’à mesure de la diminution de grosseur de la tige de chanvre, les cylindres écrasent mal la chenevotte de cette partie plus mince ; 3°. Il faut une autre personne pour présenter le chanvre par un de ses bouts sous les cylindres. C’est un double emploi qu’on n’éprouve point avec la broye, & la broye écrase tout aussi bien que pourroit le faire la meilleure machine à cylindre. Si une de ses pièces se dérange ou se casse, il faut recourir à l’ouvrier de la ville, & perdre son temps, tandis que le paysan même saura raccommoder sa broye. D’ailleurs, ce dernier instrument est en état de durer trente ans, sans avoir besoin de la plus petite réparation.


TEMPÉRANTS. Médecine rurale. C’est ainsi qu’on appelle certains remèdes qui ont la vertu de calmer l’effervescence & la fougue des humeurs, & de diminuer l’action excessive des solides.

Ils sont toujours indiqués dans les fièvres ardentes, dans les fièvres aiguës & dans toutes les maladies inflammatoires : ils trouvent encore leur place dans une infinité d’autres cas & circonstances où il convient de modérer insensiblement le mouvement trop violent du sang, & de corriger l’âcreté qui peut exister dans ce fluide ; mais, comme le remarque très-bien le célèbre Lieutaud, il est encore très-utile de les employer, lorsque l’ardeur des viscères dépend moins du cours précipité des fluides, que des matières irritantes : ils peuvent alors briser ou envelopper les particules salines qui produisent ces maladies.

Les bons effets que produisent les tempérants se manifestent quelquefois à la peau : il n’est pas rare de voir que ceux qui en font usage, sont couverts de petits boutons sur toute l’habitude du corps. On sait encore qu’ils ont la propriété de faire sortir, au moyen du lavage, les substances qui produisent la chaleur.

Les trois règnes de la nature nous offrent une infinité de remèdes tempérants. Le règne végétal nous en fournit plus que l’animal & le minéral : dans celui-ci l’on peut y comprendre toutes les plantes chicoracées, la bourrache, la pimprenelle,