Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/449

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des arbres sont-elles toujours perpendiculaires, quel que soit le plan incliné sur lequel elles s’élèvent ? c’est une question sur laquelle plusieurs écrivains se sont exercés, afin de donner la solution du problème. Quoi qu’il en soit, il est constant qu’un sol supposé de surface plane ne contient pas plus d’arbre qu’un sol quelle que soit son inclinaison, en supposant que la graine de tous les arbres ait été semée en même temps & de la même manière sur les deux champs.

Si on prend un grain de blé horizontal, & qu’en l’humectant un peu, il germe sur la superficie d’un vase, on verra la radicule se courber pour pénétrer en terre, & la plantule, au contraire, se tourner du côté du ciel. Il en est ainsi d’un gland, d’une noix, d’une amende, &c. que l’on plante en sens contraire ; la radicule décrit une courbe jusqu’à ce qu’elle ait touché le sol pour y pénétrer, & la plantule revient à la perpendiculaire. M. Dodart, de l’académie des sciences, est le premier qui, en 1700, ait tenté d’expliquer ce phénomène ; en 1708, M. de la Hire travailla sur le même sujet, M. Parent d’Astruc, &c.

M. Dodart suppose que les fibres des tiges sont de telle nature, qu’elles se raccourcissent par la chaleur du soleil, & s’allongent par l’humidité de la terre, & qu’au contraire, celles des racines se raccourcissent par l’humidité de la terre, & s’allongent par la chaleur du soleil.

Si cette explication est admissible dans quelques-unes de ses parties, elle ne l’est pas dans la totalité. L’expérience constante apprend qu’en donnant quelques soins à un jeune sujet, (le grenadier sur tout) & qu’en enterrant ses branches, elles prennent racine, tandis que ses racines exposées à l’air, deviennent branches & poussent des feuilles. Cette expérience paroît détruire la totalité de l’hypothèse de M. Dodart.

« M. de la Hire dit que dans les plantes, la racine tire un suc plus grossier, plus pesant, & la tige au contraire, un suc plus fin, plus volatil… que la plante, lorsqu’elle commence à se développer, soit entièrement renversée dans la graine, de sorte qu’elle ait sa racine en haut & sa tige en bas, les sucs qui entreront dans la racine, ne laisseront pas d’être toujours les plus grossiers, & quand ils l’auront développée, & auront élargi les pores, au point qu’il y entrera des sucs terrestres d’une certaine pesanteur, ces sucs, toujours plus pesans, appesantissant toujours la racine de plus en plus, la tireront en bas, & cela, d’autant plus facilement, qu’elle s’étend davantage, &c… Dans le même tems, les plus volatils qui auront pénétré la tige, tendront aussi à lui donner leur direction de bas en haut, & par la raison du levier, ils la lui donneront plus aisément de jour en jour, parce qu’elle s’alongera de plus en plus ; ainsi, la petite plante tournant sur le point de partage immobile, jusqu’à ce qu’elle soit entièrement redressée… La plante s’étant ainsi redressée, on voit que la tige doit se lever perpendiculairement pour avoir une assiette plus ferme, & pour pouvoir mieux résister aux efforts du vent & de l’eau. »

Il seroit trop long de rapporter toutes les hypothèses sur ce sujet ; toutes ont, s’il est permis de le dire,