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un goût de terroir, c’est-à-dire, que le géomètre en a donné la solution comme géomètre, le mathématicien comme mathématicien, &c. Qu’il me soit permis, comme naturaliste, de hazarder mes conjectures.

Dans les articles arbres, graines &c. on a dû voir que lorsque la graine germoit, la première pousse étoit la radicule ; que cette radicule est tendre, spongieuse, & par conséquent susceptible de recevoir les premières impressions de l’humidité qui s’élève de la terre. La graine n’ayant encore que cette première partie qui soit développée, il est donc naturel que cette partie qui tend à un beaucoup plus grand développement, se tourne du côté où elle pompe les sucs dont elle a besoin. Elle ne peut les trouver dans l’atmosphère qui est trop sec ; ce sont donc les émanations de la terre qu’elle recherche ; & pour mieux se les approprier, même en suivant les lois des affinités, elle dirige aussi sûrement ses suçoirs, que les tiges traînantes des pomme de terre, renfermées dans une cave, les dirigeoient du côté d’où la cave prenoit son jour, & que j’ai fait promener sur tous les côtés de cette cave, en dirigeant successivement la lumière sur les points principaux de cette circonférence. C’est donc en raison du premier développement de la graine, que la radicule cherche l’humidité provenant de la terre ; & en second lieu, elle la cherche en raison de sa propre contexture qui diffère intrinsèquement de cette de la plantule. L’expérience prouve que les racines des plantes sont bien plus criblées de pores, & d’une texture plus molle & plus souple que celle des tiges ; enfin que les racines jouissent à un plus haut degré, de la qualité absorbante de l’office de siphon, que les tiges. C’est en raison de cette propriété, & sur tout encore en raison de sa primauté d’organisation, que la radicule devient le réceptacle, l’éponge des émanations terrestres ; qu’elle a une tendance marquée, & un véritable besoin de s’enfoncer dans la terre. Jusqu’à ce que la radicule parvienne sa superficie, on la voit s’alonger beaucoup, & mais beaucoup pour toucher la terre, décrire souvent une courbure de sept à huit pouces de longueur, (j’en ai la preuve dans un maron d’Inde) tandis que cette courbure n’est que de quelques lignes, si la superficie du sol est immédiate. Jusqu’à ce que la graine ait poussé la plantule, tous les principes se portent vers la radicule, & cette radicule absorbe les émanations terrestres ; il est donc dans l’ordre naturel que la radicule s’allonge & prenne de l’augmentation par l’addition du principe nutritif terreux qui s’unit aux principes dejà contenus & développés dans la graine, puisque dans cette graine il n’y a encore que la radicule. Enfin, si on observe que le germe de chaque graine d’où doit sortir la radicule, est placé presqu’à l’extérieur de la graine, on verra que le but de la nature est que ce germe soit le premier mis dehors, soit pour recevoir les principes dejà développés dans la graine, soit pour absorber les émanations terrestres, & dès-lors acquérir un prolongement prompt, & qui s’étend, de toute nécessité, jusqu’à son point de contact avec la terre.

Actuellement, si on suit le développement de cette graine (l’amande par exemple) on verra que les