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taille compris, l’acheteur paie aussi cher le bois surnuméraire, que l’esprit de vin ; alors ii favorise le vendeur ; mais s’il donne à la barrique plus de bouge qu’il ne convient, le bénéfice est au profit de l’acheteur. J’ai suivi de près ces petites spéculations mercantiles : le brigandage est encore plus grand, lorsque l’on achette du vin en bouteille. Un vaisseau vinaire déclaré par la jeauge contenir deux cent vingts pintes, mesure de Paris, donne communément deux cent cinquante bouteilles chez le marchand de vin, qui fait fabriquer à la verrerie les bouteilles, d’après la forme qu’il prescrit ; cependant, les bouteilles parooissent, au premier coup-d’œil, devoir contenir autant de vin que les bouteilles de jeauge. Les bouteilles & les vaisseaux vinaires demandent une réforme : on y parviendra, si leur contenance est déclarée devoir être la même dans tout le royaume.

« Nous devons, dit Pline, aux peuples voisins des Alpes, (les Piémontois) l’invention des tonneaux, & nous admirerions, sans doute, si nous n’en avions jamais vu, quelle industrie, & quel soin a dû exiger la construction d’un vase formé de quelques planches, réunies seulement par des liens de bois, qui contient une certaine quantité de liquide, donnée sous une forme aisée à transporter, & la plus propre à souffrir un assez grand choc, sans permettre à la liqueur qu’il renferme, de se perdre. Le calcul du géomètre échouroit où l’habitude & presqu’une simple routine de l’ouvrier réussissent assez bien ». C’est ainsi que s’exprime M. Fougeroux, de l’académie des sciences, dans l’art du tonnelier.

§. I.

De la forme des tonneaux.

Il est certain que la forme adoptée est la plus commode ; & pour contenir le vin en grande masse, c’est la plus avantageuse après celle de la bouteille ; & si la facilité dans l’usage journalier ne l’emportoit sur l’utilité, je préférerais la forme des vases de terre employés par les anciens ; ils les nommoient amphores : c’étoit des vases de grais, très-pointus par leur base, renflés dans leur milieu, & leur col très-alongé & étroit. Deux anses de même matière prenoient depuis le sommet ou embouchure du col, jusqu’à la partie supérieure du renflement du vase, appelée panse. Tout l’intérieur des caves étoit traversé par des murs, & leurs côtes ressembloient à des marches d’escalier. Chaque marche, creusée suffisamment, portoit une amphore. Chaque mur, dans le milieu de son étendue, étoit vide, & formoit une porte, afin de faciliter le service & le placement des amphores sur les marches des murs postérieurs. Ils avoient des amphores, dont la contenance étoit depuis dix à quinze pintes, jusqu’à cent cinquante. L’avantage de la forme de ces vaisseaux pour la conservation du vin, étoit singulièrement contrebalancé par l’embarras, la dépense, & par l’espace nécessaire à leur arrangement. La forme des vaisseaux en bois, quoiqu’inférieure, est plus commode, & elle demande à être perfectionnée. Prenons pour exemple le tonneau, qui contient