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force de les tondre, on les faisoit ressembler à des hommes, à des animaux. Si on veut voir l’excès du ridicule en ce genre, on peut aller à Bruges, dans une jardin de moines, où l’on a grand soin de conduire les étrangers. Près d’Amsterdam, quelques jardiniers font commerce de ces bizarreries, qu’ils vendent fort cher aux amateurs.

Si les palissades à tondre sont peu étendues, on se sert de ciseaux ; mais là où le travail est considérable, on emploie le croissant. Le jardinier est appelé tondeur, & même, par quelques-uns d’eux, c’est une profession en titre. Petit à petit, ce mauvais goût de tondre diminue en France, où on commence à reconnoître que c’est une opération forsée & contre nature, puisqu’il faut sans cesse y revenir. J’aime à croire que peu à peu l’idée du vrai & du beau naturel deviendra la règle unique dans les plantations des jardins.


TONNE. Mot plus usité en Allemagne qu’en France, pour désigner un grand vaisseau de bois & à deux fonds, propre à contenir du vin. (Consultez l’article Tonneau).

TONNE. Jardinage. Dénomination usitée dans quelques provinces, pour désigner un treillage couvert, soit avec des ceps de vigne, soit avec du jasmin, chèvre-feuille, & le tout soutenu par des cerceaux.


TONNEAU. Vaisseau en bois, de forme à-peu-près cylindrique, mais renflé dans son milieu, à deux bases planes, rondes & égales, construit de douves arc-boutées, & contenues dans des cerceaux. Ce vaisseau est destiné à renfermer du vin, des liqueurs, & autres fluides. Sous la nomination générale de tonneau, on comprend ce que, dans quelques provinces, on appelle fûte, futaille, barrique, tiercerole, muid, bourguignotte, tierçon, pipe, barrille, poinçon, pièces, bottes, &c. La contenance de ces vaisseaux varie d’un pays à un autre, & dans quelques-unes, le mot tonneau désigne la contenance de plusieurs vaisseaux vinaires réunis. Par exemple, à Bordeaux, le tonneau est composé de quatre barriques, qui font trois muids de Paris. Le muid de Paris est de deux cent quatre-vingt-huit pintes ; sur ce pied, le tonneau de Bordeaux doit être de huit cent soixante quatre pintes, & celui d’Orléans de cinq cent soixante-seize pintes, parce qu’il ne contient qu’environ deux muids de Paris.

Ces bigarrures, dans la contenance des vaisseaux vinaires, demandent la même réforme que celle des poids & mesures : elles ne sont connues que des commerçans en vin. On a lieu d’espérer, d’après les décrets de l’assemblée nationale, qu’il n’y aura plus dans l’empire françois qu’une seule & même mesure : elle supprimera, par de sages réglemens, les friponneries sans nombre qui s’exercent journellement dans le commerce des vins & des eaux-de-vie. Un tonnelier peut, quand il veut, même en suivant les mesures données pour la fabrication d’une barrique, lui faire contenir près de dix pintes de plus ou de moins : c’est une perte réelle pour l’acheteur d’eau-de-vie ou d’esprit de vin. Comme on les vend au poids, celui de la fu-