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quelle que soit son étendue, & en raison de cette étendue. Au contraire, dans un tonneau ordinaire de quatre barriques, supposé contenir autant que celui dont on vient de parler, le vide d’une ligne de hauteur est presque nul, & ne porte que sur une très-petite superficie, à cause de la courbure ou bouge de la douve ; mais ce vide sera encore bien moins sensible, si on donne aux douves la courbure que j’ai indiquée. Dans le premier cas, toute la superficie est soumise à l’évaporation ; dans le second, elle l’est infiniment moins ; & dans le dernier, le vide est réputé pour nul.

2°. Il résulte un second avantage bien important encore de la forme du fuseau tronqué, relativement à la qualité du vin. La lie est le sédiment du vin, la partie pesante qui s’en sépare ; ce résidu, par sa pesanteur spécifique se précipite dans la partie la plus inférieure. Or, plus cette partie inférieure sera profonde, plus elle concentrera la lie, & moins la lie occupera d’espace dans le tonneau ; par conséquent moins de superficie, moins elle sera susceptible de se recombiner dans le vin au printems & en août, lors du renouvellement de la fermentation que l’on appelle insensible. Ces points de fait seront plus particulièrement discutés à l’article vin.

3° il est plus aisé de soutirer à clair fin le vin d’un tonneau bien bougé, que d’un tonneau plat, précisément parce que la lie y occuppe moins de place. Ainsi, sous quelque point de vue que l’on considère la forme d’un vaisseau vinaire, de quelque grandeur qu’il soit, celle d’un fuseau tronqué est sans contredit la meilleure.

§. II.

Du bois des tonneaux.

Nous n’avons en France qu’une seule espèce de bois réellement bonne à la construction des vaisseaux vinaires ; c’est le chêne, bien choisi, parce que les fibres de son bois sont mieux liées, plus serrées, en un mot plus compactes. L’expérience de tous les pays de vignoble prouve que le Vin perd beaucoup moins dans de tels vaisseaux, soit pour la quantité, soit pour le spiritueux. Cette vérité a tellement été mise au jour par les plaintes des acheteurs d’eau-de-vie, que le gouvernement à défendu toute exportation d’esprit ardent hors du royaume, qui ne seroit pas faite dans des tonneaux de chêne. On se servoit auparavant des vaisseaux faits en bois de châtaignier, & quoique l’eau-de-vie fût au titre, & même au-dessus, en sortant du port de Cette, elle arrivoit à Hambourg, par exemple, à un titre très-inférieur à celui ordinaire du commerce. On a beau faire, l’expérience prouve que même dans les meilleurs tonneaux de bois de chêne, l’évaporation se fait sentir ; mais la perte est peu considérable. Ce qui se manifeste si visiblement pour l’esprit ardent isolé & concentré, se manifeste de même pour le spiritueux du vin ; mais d’une manière qui, quoique plus insensible n’en est as moins réelle. Supposons dix vaisseaux vinaires, dont l’inégalité de contenance soit graduée depuis 100 jusqu’à 1000 pintes. Il est clair que