Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/459

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épaisseur du bois sera proportionnée à la graduation du contenu, ou du moins jusqu’à un certain point. Ainsi, les douves de la barrique de 100 pintes, auront, suivant la coutume, 6, 7 ou 8 lignes au plus d’épaisseur, & celles du vaisseau de mille pintes, 324 pouces. Je demande actuellement au propriétaire de ces dix vaisseaux, que je suppose remplis du même vin, en un mot, que toutes les circonstances soient égales, même pour leur placement dans la cave ; je lui demande deux choses, 1°. qu’il tienne une note exacte de la quantité de vin que chaque vaisseau consommera pour être toujours tenu plein pendant toute l’année ; 2° qu’à la fin de l’année, il distille séparément le vin de ces dix vaisseaux, & qu’il en mette à part le produit. Ses registres & l’expérience lui prouveront que le vaisseau de 100 pintes, a consommé, à peu de chose près, & proportion gardée, dix fois autant de vin que le vaisseau de 1000 pintes. Il se convaincra encore par la distillation que la proportion du spiritueux sera plus de dix fois plus faible, & ainsi par progression, jusqu’au tonneau de 1000 pintes ; mais si le vaisseau n’est pas construit en chêne, alors les proportions seront encore plus à perte soit pour la quantité, soit pour le spiritueux. Je sais positivement à quoi m’en tenir sur les faits que j’avance, comme vérité démontrée, mais comme je ne demande pas à être cru sur parole, je prie le grand propriétaire de vignoble de se convaincre par l’expérience. Son intérêt lui dicte cette loi. Qu’il n’ait que des foudres, (consultez cet article essentiel) à l’exception de la petite quantité de barriques nécessaires à ses besoins journaliers.

Toutes les douves, quoique de chêne, ne sont pas d’égale qualité ; celles tirées du chêne en décours ou trop vieux, sont trop poreuses, du chêne trop jeune, sont également trop poreuses & se coffinent aisément ; celles fabriquées à la scie ne sont pas aussi bonnes que celles dont on a débité le bois, qu’on appelle alors bois de fente. Les premières sont plus difficiles à travailler, parce qu’on n’a pas pu suivre l’exacte disposition de leur fibre, & on est obligé de commencer leur ceintre par la scie, afin de pouvoir ensuite les travail lier plus commodément ; cette opération est très-défectueuse, & le vaisseau fabriqué avec un tel bois, n’est jamais aussi solide que celui composé de douves de bois de fente, dont l’épaisseur doit être égale sur toute leur longueur. Dans plusieurs provinces, de mauvais ouvriers amincissent avec l’essarte la partie du milieu de la douve qui doit former le bouge, afin, disent-ils, de cintrer avec plus de facilité leurs barriques. Cette pratique est vicieuse, puisque la partie qui doit être la plus forte dans la construction, devient la plus foible.

La bonne douve est celle qui, frappée sur le tranchant aigu d’une pierre, casse par esquilles. Si elle casse net ; c’est une preuve que l’arbre dont on l’a tirée, étoit hors d’âge, & en décours. On doit préférer les douves qui ont flotté, pourvu qu’elles ne soient ensuite employées qu’après avoir été parfaitement séchées. Ces douves flottées ont perdu dans l’eau une partie de