Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/463

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barriques ou tonneaux, quelle que soit leur contenance, sont très-mal construits, & plus ils sont petits, plus leurs défectuosités sont multipliées, parce qu’on ne réserve pour ces vaisseaux, que les bois de rebut ou ceux qui ont déja servi à des vaisseaux plus grands, mais dont l’empeigne, par exemple, a été brisée. Ces vieux bois sont, ou dolés de nouveau, ou parés avec l’essette & encore mieux avec le rabot ; de manière que leur épaisseur, déjà très-modique, est encore diminuée.

Une douve pour être bonne, doit être aussi épaisse à ses extrémités que dans son milieu. Si on l’amincit en approchant des extrémités, on diminue la force de la totalité ; si on l’amincit dans son centre, elle se courbe plus aisément, à la vérité, mais elle perd de sa force réelle dans la partie où elle est absolument nécessaire. C’est à l’ouvrier doleur à savoir diminuer en proportion convenable, & sur la largeur, la douve depuis son centre jusqu’à ses deux extrémités ; de manière que la totalité des douves, réunies par les cerceaux, présente de chaque côté un cône tronqué dans les proportions indiquées ci-dessus. C’est donc par la force du resserrement de toutes les douves & de toutes leurs parties ensemble les unes contre les autres, que dépend la véritable force de la voûte, & non pas lorsqu’elles S’y prêtent par une courbure donnée précédemment en suivant le trait par la scie. Ces dernières douves serrent très-mal.

À ces défauts visibles, les ouvriers en ajoutent un autre bien plus essentiel, non par ignorance, mais pour accélérer leur travail, toujours au détriment de l’acheteur… Les douves employées pour la construction des barriques ordinaires, c’est-à-dire contenant 220 à 230 pintes, mesure de Paris, ont souvent depuis cinq & même six pouces de largeur. J’ai vu pour fond à ces barriques, des douves de fond ou face, de sept & même huit pouces de largeur ; & ce qui m’a surpris, a été la préférence marquée que des particuliers leur donnent. Je leur demande si après un an ou deux de service, les douves de ces barriques ont le même coup-d’œil que lorsqu’ils les ont achetées ? Ici, ce sera une douve coffinée ou bacquetée en dedans ou en dehors ; là il faudra barrer les fonds pour la retenir, & peut-être craindre encore que cette opération ne soit pas suffisante, sur-tout si l’empeigne du vaisseau est foible. Ce que je dis des douves du fond s’applique également à celles (de la circonférence, qui ne se coffinent jamais en dehors, (le cas est très-rare) mais toujours en dedans, & que souvent on est obligé de suppléer par d’autres. Tout vaisseau quelconque, grand ou petit, pour être bien fait, pour être de durée, doit, dans sa circonférence, décrire un cercle parfait, & jamais on ne trouvera cette rondeur exacte, tant que l’ouvrier emploira des douves trop larges, qui nécessairement formeront des angles à chaque point de réunion. Voyez planche XV, fig. 1 IE. Le tonnelier connoît le défaut ; il le masque aux yeux de l’acheteur, en diminuant l’épaisseur du bois de la douve dans l’endroit où, avec ses voisines, elle forme des arrêtes, sans quoi le vaisseau présentant des angles à chaque union de douve, seroit rebuté ;