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pour ainsi dire, de fracturer à volonté & de nuancer leur action parce que l’on s’arrête dès que l’animal commence à faire des efforts pour vomir, au lieu qu’en donnant la même dose du médicament en une seule fois, si elle se trouve être trop considérable, il pourroit ensuite être fort difficile de modérer le vomissement qu’elle auroit excité.

2°. Il est fort utile d’ajouter au vomitif une demi-once ou une once d’un sel neutre, purgatif quelconque ; par ce moyen on fait une eau minérale artificielle, qui, après l’effet du vomitif, évacue par l’anus les matières corrompues de l’estomac, qui ont été chassées par le pylore du côté des intestins.

3°. Lorsque l’animal a avalé une ou deux doses de son vomitif, il est bon de le promener, sans l’exposer au froid : le mouvement détermine plutôt l’effet du remède.

4°. Lorsqu’il a vomi une ou deux fois, on lui fournit de l’eau tiède en abondance, afin de tenir l’estomac dans une sorte de plénitude qui puisse favoriser le vomissement, qui seroit fort douloureux sans cette précaution, & même infructueux : car l’estomac, presque vuide, est obligé de se contracter vigoureusement & de revenir avec force sur lui-même, pour chasser le peu de liquide qu’il contient ; au lieu que se trouvant à moitié rempli, il trouve un point d’appui fixe, pour peu qu’il se contracte, & par cette raison il chasse avec efficacité les matières contenues dans sa cavité.

5°. S’il arrivoit que le vomissement fût opiniâtre & qu’il dégénérât en une convulsion soutenue de l’estomac, il faudroit l’arrêter ; la chose est quelquefois difficile, cependant on y parvient communément en donnant de légères infusions de menthe, de mélisse, de sauge, &c. auxquelles on ajoute quelques gros de thériaque.

6°. Après l’effet du vomitif, l’animal fatigué par le vomissement, a besoin de repos ; un sommeil de quelques heures est ce qui lui convient le mieux ; il faut le favoriser en lui faisant bonne litière & en le laissant tranquille : à son réveil, on lui donne un picotin d’avoine bien cuite, dans quelques pintes d’eau, avec la décoction ; il faut le priver pendant le reste de la journée, de foin, de paille & d’autres alimens solides, que l’estomac ne pourroit digérer, & s’en tenir à celui qu’on vient d’indiquer.

Les remèdes qui ont la propriété de faire vomir, sont : l’azarum, la gratiole, les pignons d’inde, la mélisse d’Espagne, le palma christi, le tithymale, le timélée, la digitale, l’ellébore blanc, les renoncules, les baies-de-lierre, celles du houx, la graine d’Aristoloche, d’épurge, de genest, le suc des feuilles & racines de bétoine, de violette, l’hypécacuana, l’écorce de sureau & l’euphorbe.

L’usage des vomitifs n’est point à rejeter dans le traitement des maladies des animaux qui ont la faculté de vomir. Les médecins vétérinaires qui, par défaut d’expérience, craignent d’administrer ces remèdes, se privent d’un des plus grands secours de leur art : car les plantes vomitives & l’émétique, en général, sont de la plus grande efficacité, non-seulement dans l’espèce de toux d’estomac que nous traitons, mais encore dans lesfièvres aiguës, les