Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la seule manière de les faire quitter prise, est de les couper avec des ciseaux, le plus près qu’il est possible de la tête. On observera de ne jamais les arracher de force, parce qu’elles laisseroient leurs dents dans la chair, ce qui pourroit occasionner une inflammation suivie de suppuration : nous disons de les couper le plus près possible, de la tête, parce que ce ver, comme un grand nombre d’autres, survit lors même qu’il a été coupé en plusieurs morceaux, & que moins la partie coupée qui tient à la chair, est grande, moins elle vit.

Avant que de décrire la manière d’appliquer les ventouses, nous observerons que ce sont de petits vaisseaux, ordinairement de verre, faits en cône, à peu près comme les verres à boire, dont on peut même se servir au défaut d’autres.

Après avoir coupé le poil, on applique les ventouses par la partie large & ouverte, sur le siège du mal, pour attirer avec violence les humeurs du dedans au dehors : pour cet effet on remplit le verre à moitié d’une étoupe de mèche ou de coton, qu’on fait tenir dans le fond avec de la cire ou de la térébenthine. On commence par faire chauffer légèrement le vaisseau, ensuite on met feu à l’étoupe ; on place aussitôt la ventouse sur la partie malade ou sur la partie qui en est voisine : la flamme s’éteint peu à peu ; mais la chaleur qu’elle a communiquée en raréfiant l’air contenu dans le vaisseau, attire la peau du dedans au dehors : cette peau se lève & forme une vessie ; il est des cas où elle suffit : on appelle cette ventouse sèche ; mais le plus souvent on fait des incisions sur cette vessie avec une lancette, après quoi on applique de nouveau la ventouse, avec les mêmes attentions, & elle attire abondamment le sang & les autres humeurs. On a donné à ces incisions le nom de scarifications, d’où vient que cette ventouse s’appelle ventouse scarifiée.

Ce remède ne le cède point à la saignée pour les bons effets ; on l’estime même plus utile, car la douleur que cause la ventouse sacrifiée, & que ne procure pas la saignée, a cet avantage, qu’elle dissipe l’engourdissement des sens ; ce qui la rend très-importante dans toutes les maladies accompagnées d’assoupissemens ; elle procure les plus grands soulagemens dans la pleurésie, sur-tout dans la fausse-pleurésie, quand elle est appliquée près du siège de cette maladie.


Section VI.

Du nombre des saignées qu’on doit faire.

Si l’on fait un grand nombre de saignées, ou que l’on tire une grande quantité de sang, le dépouillement de la partie rouge devient de plus en plus considérable, sur-tout si les saignées ont été copieuses ou se sont suivies rapidement, parce qu’alors la perte de la partie rouge est plus grande proportionnellement ; bientôt on ne trouve plus que de la sérosité dans les veines, ce qu’on appelle saigner jusqu’au blanc ; dans cet état le sang est devenu si fluide qu’il est presque incapable de concourir à la coction, qu’il ne peut qu’à la longue assimiler le chyle qui lui est présenté ; ce défaut de coction laisse subsister les engorgements qui forment la maladie, ce qui arrive spécialement dans les fièvres d’accès. On sent déja qu’il