Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est de bornes plus étroites qu’on ne pense vulgairement, à la quantité du sang qu’on doit tirer ; elle doit toujours être réglée sur les forces, l’âge, la constitution, & le travail ou le repos auquel est soumis l’animal qui est dans le cas d’être saigné. Il seroit aussi ridicule que nuisible de vouloir tirer la même quantité de sang à un poulin qu’à un cheval formé ; à un animal délicat, qu’à un qui seroit robuste, &c. On ne doit pas même, dans certaines maladies, faire saigner les animaux jusqu’à défaillance ; car un animal peut tomber en syncope à la première ouverture de la veine, tandis qu’un autre perdra tout son sang avant qu’il éprouve la moindre foiblesse. Ce n’est pas qu’il n’y ait certaines maladies où les saignées jusqu’à défaillance ne soient très importantes : par exemple, lorsque le cheval est atteint du vertigo, le bœuf du mal-de-chèvre ; cette maladie est connue en Franche-Comté, sous ces dénominations ; le délire phrénétique qui l’accompagne, étant causé par une constriction qui est telle, qu’il faut que le relâchement soit porté jusqu’à la syncope, pour que la détente se fasse, &c. Mais nous nous garderons bien de conseiller à qui que ce soit d’employer ces saignées : si nous en faisons mention, c’est pour que, par ignorance, on ne traverse pas les vues d’un médecin vétérinaire éclairé, qui les pratique parce qu’elles lui paroissent nécessaires.

Ce n’est pas non plus sur la demande du propriétaire d’un animal, que le maréchal, ou le médecin vétérinaire doivent se décider à pratiquer la saignée ; mais uniquement par l’indication que présentent les symptômes de la maladie dont il est attaqué ; car il est nombre de personnes qui font saigner leurs animaux par pure fantaisie, & il est rare qu’alors la saignée ne soit nuisible. Il n’y a que la maladie & les symptômes qui l’accompagnent, qui puissent & doivent faire décider quand il faut saigner, où il faut saigner, & combien de fois il faut saigner. M. BRA.


SAIN-DOUX. Graisse molle & blanche qu’on tire du porc. Avant de le faire fondre, il est essentiel de le laver à grande eau, de l’y pétrir fortement afin de le dépouiller des parties fibreuses contre lesquelles cette graisse est attachée, & des caillots de sang & autres impuretés dont elle est imprégnée. Après cela on coupe le sain-doux en petits morceaux & on les lave de nouveau ; enfin on les jette dans une poêle, sur un feu clair, pour les faire fondre. Pendant qu’ils sont sur le feu, on en sépare encore les cartilages avec une écumoire, & lorsque le tout est bien fondu, on en verse la graisse dans un pot bien net. Il vaut infiniment mieux lui substituer des vessies qu’on a eu la précaution de laver à l’intérieur & à l’extérieur à plusieurs eaux, & que l’on ballonne & lie ensuite pour les faire sécher. Les amateurs de la grande propreté & de la conservation du sain-doux lavent encore les vessies, soit en dedans soit en dehors, avant de s’en servir, ses reballonnent de nouveau en les soufflant, & les laissent sécher. C’est lorsque ces vessies sont dans cet état qu’on les remplit de sain-doux à l’aide d’un entonnoir : il ne faut pas que le sain-doux de la poêle toit excessivement chaud ; il feroit crisper le