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jouissances nouvelles, & il s’en préparera avec la patience & le temps, en multipliant les semis. On choisit à cet effet les plus gros oignons, les plus sains & les mieux nourris, parmi les belles espèces. Ce n’est plus ici le cas de lui demander de beaux panaches, une tige vigoureuse soutenant une fleur vigoureuse, quoique sa couleur soit pour cette fois brouillée & enivrée. On plante l’oignon à l’époque ordinaire, dans une terre légère, à la vérité, très-perméable à l’eau, mais très-substancielle & enrichie de débris de fumier très-consommé. Ces diverses précautions, ainsi que l’attention de serfouir de temps à autre au printemps, & un peu avant la fleuraison, assurent la prospérité de la plante & sa forte végétation. On laisse grainer la fleur, & la tige se dessécher ; alors on porte les capsules dans un lieu sec, où on leur laisse compléter leur dernière maturité.

À la fin d’août & au commencement de septembre, on sépare les semences, & on les jette sur du terreau préparé, dont on a rempli plusieurs terrines. Le tout est recouvert de nouveau & semblable terreau à la hauteur d’un pouce. Suivant les climats, la chaleur de septembre seroit trop forte, si on exposoit les terrines au plein soleil ; on ne doit leur donner que celui du levant, & encore pendant quelques heures seulement. Dans les pays plus tempérés, elles peuvent y rester la journée entière. Pour l’hiver, on leur procure une bonne exposition méridionale & bien abritée des vents du nord. Au printemps, dans le premier cas, on leur donne la première exposition du mois de septembre, dès qu’on s’aperçoit que la graine a germé & qu’elle pousse ; il en est de même que ci-dessus dans les climats plus tempérés. Si le besoin l’exige, on arrosera ; mais tous les arrosemens quelconques doivent être interdits, dès que les jeunes feuilles commencent à se dessécher, & il est prudent de les garantir des pluies… Environ vers le commencement de l’automne, on enlève jusqu’à l’oignon toute la terre de la superficie, que l’on remplace par de la nouvelle, & on a, pour les terrines & pour les plantes qu’elles contiennent, les mêmes soins que l’on a eu pour les semis.

Au printemps suivant, lorsque les nouvelles feuilles commencent à paroître, on lève soigneusement les jeunes oignons, sans nuire à leurs racines, & on les plante dans une planche de jardin dont la terre aura été convenablement préparée. Miller, dans son Dictionnaire des Jardiniers, dit « qu’à la profondeur de six pouces dans cette terre, on doit placer des tuiles, afin d’empêcher les racines de pousser dans le bas, ce qui arrive souvent, quand on n’y met point d’obstacles, & ce qui les détruit entièrement. » Je ne contredis pas l’opinion de Miller, parce que je n’ai pas répété son expérience ; mais elle me paroît contrarier la nature, & j’ai vu de superbes semis réussir à merveille sans cette précaution.

On plante ces jeunes bulbes à deux pouces de distance les unes des autres, & à deux pouces de profondeur ; enfin, on les laisse pendant toute l’année, & jusqu’après que dans l’année suivante leurs feuilles se seront desséchées ; mais si pen-