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ULCÈRE. Médecine rurale. Solution de continuité dans les parties molles, dont l’humeur qui en découle, & les bords, ont une altération contraire & opposée à l’établissement d’une bonne cicatrice. Il diffère de la plaie & de la contusion, en ce qu’elles reconnoissent une cause externe, au lieu que l’ulcère vient presque toujours d’une cause interne.

L’ulcère est quelquefois borné à la peau ; quelquefois aussi il attaque le corps graisseux, les glandes & les muscles. On le distingue encore, 1°. à raison de sa grandeur, en grand, en petit, en profond & en superficiel ; quand il est profond, mais étroit sur-tout à son ouverture, il est appelé sinus ou fistule. 2°. Par sa durée, en récent ou invétéré. 3°. Par ses symptômes ou ses accidens, en doux & malin ; c’est-à dire, accompagné de douleurs plus ou moins vives, & souvent extraordinairement aiguës, puant, sordide, ichoreux, rongeant, calleux, cancéreux, fistuleux ou vermineux. 4°. Enfin, par sa cause, il peut être vénérien, cancéreux, pestilentiel.

L’ulcère ne vient pas seulement de l’âcreté des humeurs, mais en général de tout ce qui peut procurer la stagnation du sang & sa corruption. Aussi le voit-on le plus souvent succéder aux tumeurs, aux inflammations, aux plaies, aux contusions, aux fractures, aux luxations, au squirre, au cancer & à la carie.

L’ulcère récent & bénin guérit fort aisément, sur-tout si celui qui en est atteint est jeune & bien portant ; mais plus il est invétéré & accompagné d’accidens graves & fâcheux, plus la cure en est difficile. De-là vient qu’on a tant de peine à guérir celui qui est extrêmement fétide ou qui flue abondamment, tel que l’ulcère calleux, fistuleux, cancéreux ou compliqué de carie, & que ce n’est que par des soins bien entendus, & des moyens les plus efficaces qu’on en vient à bout.

Remédier 1°. à l’état dominant de la fluxion inflammatoire ; 2°. aux vices locaux des bords de l’ulcère ; 3°. à l’altération des humeurs locales, sont les indications que l’on doit avoir en vue dans le traitement de l’ulcère.

La fluxion est un élément constitutif de l’ulcère ; elle est entretenue par tout ce qui altère la constitution, comme le changement de régime, l’exercice, &c. On ne doit en arrêter l’issue qu’avec beaucoup de précaution.

Cloptonssavers & autres, ont vu des ulcères naturels ou artificiels qu’on avoit fermé trop tôt, avoir des suites pernicieuses, parce que la nature, habituée à cette fluxion, se déterminoit à la reproduire sur quelque organe interne. J’ai vu un de mes bons amis, étudiant en médecine, périr de phthisie, pour avoir eu l’imprudence de faire fermer trop tôt un cautère qu’il s’étoit lui-même ouvert.

Le repos suffit quelquefois pour guérir des ulcères invétérés, sur-tout