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chez les personnes fortes, vigoureuses & accoutumées à la fatigue.

La distribution des forces qu’on leur procure, en les condamnant au repos, fait un changement avantageux de l’irritation primitive qui affectoit le principe vital.

Je ne saurois assez recommander la méthode révulsive & excellente (quoique singulière) que Sthal employa sur des personnes attaquées d’ulcères opiniâtres. Il leur donnoit par jour deux grains de vitriol de cuivre, qui leur occasionnoit un crachotement habituel. Il parvenoit souvent, par ce moyen, à les guérir.

S’il y a apostème ou dépôt inflammatoire, on doit s’abstenir des détersifs & des dessicatifs, pour ne se servir que des suppuratifs, pour hâter la fonte de ces apostèmes ; & quoiqu’ils rendent l’ulcère plus sordide, ils n’en sont pas moins efficaces.

Sanctorius rapporte l’observation d’un homme qu’un charlatan avoit traité par des topiques saturnins. Ces topiques sembloient tantôt réussir, & tantôt augmenter la maladie ; mais voyant que la fluxion inflammatoire étoit dominante, & que la sordidité de l’ulcère lui étoit subordonnée, dans cette vue il fit faire usage des émolliens, & guérit.

Les vices locaux qui s’opposent à la cicatrice de l’ulcère, se rapportent, 1°. aux excès de sécheresse sensible ; 2°. aux excès d’humidité ; 3°. à ceux de callosité ou de dureté ; 4°. enfin aux excès de relâchement dans l’ulcère.

L’excès de sécheresse peut dépendre, 1°. d’une compression trop forte qu’on fera sur l’endroit ulcéré, pu d’un pansement trop répété ; 2°. d’une atrophie ou manque de nourriture générale dans toute la constitution ; 3°. d’un épuisement nerveux, comme fatigue d’esprit, veilles, plaisirs amoureux. C’est alors que les toniques, tels que le quina, le lait & autres analeptiques doivent être employés ; on est en droit d’en attendre des bons effets.

L’excès d’humidité dans l’ulcère, peut être corrigé par une diète convenable, par des topiques desséchans & absorbans, tels que l’eau de chaux, par un pansement fréquent qui est d’autant plus utile, qu’il l’est beaucoup moins dans l’état de sécheresse dominant. Les évacuans révulsifs, tels que les diurétiques, les diaphorétiques, & même les purgatifs, dont on doit toujours régler & mesurer l’usage sur la constitution du malade ; par exemple, la chair & les bouillons de vipère seroient très-avantageux, s’il avoit sur-tout précédé une suppression de quelque maladie cutanée.

Quand les bords de l’ulcère sont trop durs, on doit les emporter par le fer ou par les caustiques, afin de les rappeler à l’état d’humidité naturelle aux plaies récentes, par une suppuration qu’on y procure, & de rendre la cicatrice plus parfaite. Si les bords sont très-douloureux, on doit préférer le fer aux caustiques, pour empêcher qu’ils ne dégénèrent en ulcères carcinomateux. La pierre infernale vaut plus que tous les autres caustiques, parce qu’elle fait un escarre plus utile. M. Barri bride, à plusieurs reprises, avec la pierre à cautère, & neutralise ensuite avec l’huile de vitriol. Il est parvenu, par ce moyen, à ronger des bords très-calleux.