Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/572

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment doit se faire quatre à cinq fois par jour au moins. Il ne faut pas croire qu’on puisse s’en dispenser en abandonnant a chaque fois une quantité considérable de nourriture ; les vaches alors en mangeroient avec excès, & se donneroient des indigestions très-dangereuses, ou après s’être rassasiées, elles gâteroient ce qui resteroit, & prendroient du dégoût pour cette nourriture. Peu & souvent, c’est une maxime qu’on ne doit jamais perdre de vue, lorsqu’on nourrit des vaches : elles s’en portent mieux, & fournissent une plus grande quantité de lait.

Pour empêcher les vaches mises au piquet, de se prendre dans leur longe, & de la raccourcir en la tournant, on se sert, d’une longe divisée dans son milieu par un morceau de bois, percé par les deux bouts, qu’on nomme tourillon : la corde est fixée aux anneaux du tourillon, de manière qu’elle puisse y tourner aisément ; il faut que la corde qui tient à la tête soit plus longue que le corps de la vache, afin que le tourillon ne puisse la blesser.

Il est très-important de ne point faire paître les vaches dans les momens les plus chauds de la journée, la grande chaleur les fatigue extrêmement, les mouches les tourmentent, & la quantité du lait diminue sensiblement.

On doit faire sortir les vaches pour paître ou seulement pour se promener tous les jours dans toutes les saisons de l’année, à moins que le temps ne soit extrêmement mauvais ; on profite du moment qu’elles sont dehors, pour retirer les litières & en remettre de fraîches.

Lorsqu’on nourrit les vaches au sec, la première attention à avoir, c’est que la nourriture soit de bonne qualité, & la seconde, qu’elle soit donnée en quantité suffisante : sans ces deux conditions, ce seroit en vain qu’on attendroit du bénéfice des vaches qu’on nourrit.

Les fourrages échauffés, souillés, mal récoltés, poudreux, nourrissent mal, donnent peu de lait & de mauvaise qualité, & sont la source d’une infinité de maladies. Les foins artificiels de seconde & même de troisième coupe, lorsqu’ils sont de bonne qualité, & qu’ils ont été coupés & serrés par un temps favorable, paroissent convenir mieux à la nature des vaches que ceux de la première coupe, dont les tiges plus dures se digèrent moins bien, & donnent moins de lait.

Toutes les plantes vertes, dont nous avons dit qu’on pourroit nourrir les vaches, peuvent leur être données desséchées. On leur donne en outre, les pailles d’orge, d’avoine, de seigle, de blé, ou battues, ou engerbées : les menues pailles, les pois, les féveroles, les graines de lin, de chenevis, l’orge cru ou bouilli ; ce qui est préférable, le son, les criblures, le gland, les feuilles d’arbres fanées, les marcs de navettes, de noix, de colsat, de raisin, &c.

Les vaches s’accommodent très-bien de ces différentes nourritures, lorsqu’on les leur donne avec ménagement, & qu’on les affoure six fois par jour au moins ; si cette attention exige quelques foins de plus, on en est amplement dédommagé par la quantité & la qualité du lait.

On rend les pailles plus appétissantes, lorsqu’on les mêle couche