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paîtront ensemble, on doit les veiller très-exactement, pour les empêcher de se battre ; on en a vu souvent avorter après des coups de corne ou de tête, reçus en se battant.

Art. VII.

Des soins qu’exige le part.

On reconnoît que le part sera prochain, aux hurlemens, au gonflement du pis, aux agitations de l’animal, à l’abaissement des flancs & de la croupe : on veillera la vache, afin d’être présent lorsqu’elle mettra bas, & de l’aider dans le cas où le part seroit trop laborieux.

On donnera à la vache une ample litière, afin que le veau ne puisse se faire du mal en tombant, car les vaches mettent presque toujours bas debout.

Il faut avoir grand soin d’empêcher la vache de dévorer son délivre, rien ne les fait autant dépérir, & elles meurent ensuite de consomption. Lorsqu’elles sont trop longtemps à se délivrer, on les aide en leur donnant une rôtie au vin, ou au cidre, ou au poiré. Lorsqu’on l’a fait au vin, on la mêle avec une égale quantité d’eau ; cette rôtie doit être de cinq à six pintes de liquides, dans lequel on a émietté environ une livre & demie de pain rôti ; elles dévorent certainement cet aliment.

Quelques heures après on donne à la vache, un demi seau d’eau tiède, blanchie avec de la farine d’orge grossièrement moulue, ou avec le son de froment.

On continue de leur donner cette boisson pendant cinq à six jours, & si l’on voit que la vache soit foible, qu’elle ait de la peine à se rétablir, on lui donne pendant huit à dix jours la rôtie au vin ou au cidre, dont on vient de parler. On a soin de ne remettre les vaches nouvellement vélées, à la nourriture ordinaire, que par gradation, lorsqu’on néglige cette précaution, on leur donne des indigestions d’autant plus dangereuses, que les vaches sont plus foibles.

On doit avoir pour règle générale de ne donner aux vaches nouvellement vélées, qu’une assez petite quantité d’alimens, mais de choisir les plus nourrissans, les plus substantiels, ceux qui se digèrent le plus aisément.

On ne doit traire les vaches que deux mois après le part ; le lait qu’elles donnent jusqu’à cette époque, est de mauvaise qualité & doit être laissé aux veaux.

Il arrive assez souvent que les vaches portent deux veaux, qu’elles ne mettent bas qu’à des intervalles plus ou moins éloignés. Lorsque le premier est né, on reconnoît qu’il y en a un second, à l’agitation de la mère, qui regarde continuellement son flanc, qui continue de faire des efforts, & qui ne paroît pas faire attention au veau déjà né. Lorsque cet état dure trop longtemps, on aide la mère en lui faisant prendre une bouteille de vin chaud, & en l’excitant à éternuer en irritant les nazeaux avec un peu de tabac ; si l’effet de ces moyens n’étoit pas assez prompt, il faudroit recourir sur le champ aux moyens indiqués à l’article Bœuf. (Voyez ce mot)