Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/601

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gera pas autant que celui de février, quoique moins considérable, parce qu’en février, si l’hiver a été doux, le mouvement de la sève commence à s’effectuer. Il est alors plus sensible au froid, parce que la matière intérieure, susceptible d’être évaporée, est plus considérable. C’est par cette raison que plus les plantes & les bourgeons des arbres sont encore herbacés, plus ils sont sensibles au froid, & plus ils sont endommagés ou détruits par une grande évaporation. C’est encore la raison par laquelle les gelées tardives du printemps produisent des effets si funestes.

Tout homme qui désire acheter des biens de campagne, doit examiner soigneusement à quels vents, à quelles rafales de vents ils sont exposés, examiner les points d’où ils soufflent, & sur-tout s’ils ne passent pas sur des étangs, sur des relaissés de rivières, & sur toute espèce de putréfaction susceptibles d’altérer la santé de ses habitans. Chaque pays, chaque canton a son vent plus ou moins nuisible ; son côté, d’où viennent les grêles, les ouragans. Qu’il examine donc si la majorité de ses fonds en sont à couvert, s’il peut se garantir des coups dangereux de vents par des plantations de forêts, par des haies élevées ; enfin, à l’exemple des Hollandois qui renferment au Cap de Bonne-Espérance tous les champs par une ceinture de bambou, s’il peut les clore par de pareils moyens. Ces idées paroîtront extravagantes à quelques lecteurs, puériles peut-être à d’autres ; mais comme l’expérience m’a appris à connoître les effets des abris, des forêts, des haies, &c. j’insiste sur le parti que je propose.

Vent. Médecine rurale. Vapeur aériene & élastique qui s’engendre dans certaines cavités du corps. Personne n’ignore que l’œsophage, l’estomac, & tout le conduit intestinal sont presque toujours le siège des vents, que leur présence occasionne des maladies très-douloureuses, que leur sortie termine aussi promptement.

On connoît assez les dénominations que l’on donne aux vents qui s’échappent par le fondement avec bruit, ou sans bruit. On appelle ordinairement rapport, en latin ructus, celui qu’on rend par la bouche, dont l’odeur & le goût varient relativement aux alimens dont on a usé.

Il est encore bien prouvé qu’on peut rendre des vents en même temps, & avec violence par les deux voies. C’est ce qu’on observe dans le cholera sec, maladie qui a été si bien décrite par Hyppocrate, & qui est toujours accompagnée d’une constipation opiniâtre, d’une tension au bas-ventre, de tranchées, & de douleurs aiguës dans les lombes.

Ce ne sont point encore là les seules maladies que produisent les vents. Tantôt ils occasionnent le météorisme, en causant une dilatation subite de l’estomac, & des intestins, de telle sorte que tout le bas-ventre s’élève considérablement, sur-tout vers les hypocondres, & tantôt ils donnent naissance à des grouillemens ou borborygmes, en parcourant avec bruit & sans douleur les circonvolutions du tube intestinal. Enfin ils déterminent la colique venteuse de l’estomac, la colique venteuse intestinale, la tympanite &